Le capitalisme peut-il être vert ?
Je crois que c’est la question qui revient toujours et qui au fond est la seule à diviser les mouvements “utopistes”.
J’appelle ici “utopie” toute idéologie, au sens noble du terme, qui vise à rendre ce monde plus juste, plus soucieux de l’homme et de l’environnement. On y met ce qu’on veut dedans, toutes les bonnes volontés, celles qui mettent la fraternité et le partage au coeur… plutôt que la compétition et la fuite en avant technologique.
Donc, la question, effleurée sur quelques billets précédents, finit toujours par un débat sur réformisme et radicalité. La voie du compromis (compromettante ?) et le chemin de l’intransigeance (exemplarité ?). Personnellement, j’ai toujours été assez séduit par l’idée que “l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre. C’est le seul !“.
Entendu une fois de la bouche de Jacques Attali (sic!) qui justement n’est pas un bon exemple…
Résumons les deux tendances par un exemple récent: le Grenelle de l’environnement. A ma droite des ONG invitées à négocier à la table du gouvernement. A ma gauche, quelques irréductibles qui ne veulent pas “vendre l’écologie” et organisent un Contre-Grenelle.
Les premiers affirment qu’il faut saisir cette perche tendue et que ce que l’on pourra obtenir… eh bien ce sera toujours ça de pris. Les seconds pensent qu’il faut tout remettre à plat, qu’on ne peut pas assaisonner les enjeux environnementaux à la sauce ultra-libérale.
Il me semble important de dire que ces derniers sont aussi légitimes pour parler d’environnement que les autres. Que ce courant n’est pas marginal. Le journal La Décroissance, à l’initiative des Contre-Grenelle, trouve tout de même 30 000 lecteurs mensuels* sans être particulièrement aidé par les medias…
Souvent, je me dis tièdement qu’il faut les deux. Qu’exporter des idées utopistes et innovantes mérite bien une petite vulgarisation. Savoir mettre de l’eau dans son vin pour ne pas effaroucher le quidam. Mais il y a aussi des jours où l’on souhaite boire un vrai bon Bourgogne au bouquet entier.
Bon je ne me mouille pas trop. Disons qu’en ce qui concerne eco-SAPIENS, nous avons décidé de n’avancer qu’avec des structures engagées également dans la cohérence. Ainsi avons-nous décliné pas mal de propositions de partenariat (c’est toujours délicat de dire non) en raison de publicités incohérentes.
*Ce qui, à ma connaissance, en ferait le premier titre français parlant d’écologie.