Aimé, Dominique Sigaud-Rouff

Par Sylvielectures

C'est Bel Gazou qui m'a mise sur la piste de ce texte là, et je l'en remercie.
Ce livre se présente sous la forme d'un roman, mais c'est un récit intime qui nous est livré avec beaucoup de courage de la part de l'auteur.
L'écrivain en deuil impossible d'un enfant qui n'est pas né décide de retracer par écrit le chemin de sa douleur indicible.
Elle parle du moment de sa perception intime d'être enceinte, de la certitude de l'être après examens et échographies. Elle dit ses craintes d'avoir un autre enfant en même temps que son désir de le porter à terme.
Elle se remémore l'ambivalence de ses sentiments aux premiers moments, la peur que cet enfant ne soit encore qu'une histoire avortée, ayant déjà vécu une fausse couche un an auparavant.
Puis elle raconte le temps de la douloureuse suspicion d'un œuf clair, l'implacable confirmation de l'échographe qui diagnostique"le débris" à éliminer...
L' attente de l'expulsion qui pourrait se faire sans intervention chirurgicale est également évoquée avec beaucoup d'émotion...
Et puis le chemin de l'hôpital, et la souffrance physique et psychique des jours qui suivent...
Cette lettre à un enfant qui n'est pas né parlera à nombre d'entre nous, femmes bien sûr, mais hommes aussi, qui tentent de nous accompagner durant ces évènements qui souvent veulent se vivre comme des non-évènements.
Je ne parlerai pas des qualités littéraires du texte qui est très court, avec des phrases sèches et presque haletantes, je saluerai simplement le fait qu'il existe.
On parle très peu des souffrances et du difficile "travail de deuil"suite aux avortements, fausses couches, morts d'enfants in utéro ou à la naissance. Les sentiments de solitude et d'incommunicabilité inévitables dans ces moments là en sont très certainement amplifiés.
Une bibliographie sur le sujet ici,
Une autre ici,
Ce titre est cité dans le choix des bibliothécaires.com
Une présentation d'Elisabeth Vust sur 24 heures
Clarabel en parle avec beaucoup d'émotion sur La Factory,
Bel Gazou a beaucoup aimé Aimé et en parle très bien.
"Je rentre avec un enfant de plus, quelques millimètres d'enfant. Ça fait une différence énorme."
"Je ne te prendrai pas dans mes bras. Je ne t'appellerai pas Aimé. Je ne plongerai pas mon nez dans tes cheveux, je ne me collerai pas contre toi, je ne me pencherai pas sur ton berceau, je ne te porterai pas dans mon ventre énorme, je ne verrai pas les visages se poser sur le mien, je ne sentirai pas tes pieds bouger. Je n'entendrai pas tes premiers mots, je ne prendrai pas ta main dans la mienne. J'ai perdu cet amour-là."
"Alors, j'ai décidé de t'écrire un livre, qu'il y ait une trace de toi, parce que tu as été important."
Un très beau film avec les mots et les images de Frida Kahlo :