L'Alliance atlantique a été conçue et sa mise en œuvre est préparée en vue d'une zone d'action éventuelle qui ne répond plus aux réalités politiques et
stratégiques. Le monde étant ce qu'il est, on ne peut considérer comme adaptée à son objet une organisation telle que l'OTAN, qui se limite à la sécurité de l'Atlantique Nord, comme si ce qui se
passe, par exemple au Moyen-Orient ou en Afrique, n'intéressait pas immédiatement et directement l'Europe, et comme si, les responsabilités indivisibles de la France ne s'étendaient pas à
l'Afrique, à l'Océan indien et au Pacifique. [...]
La France ne saurait donc considérer que l'OTAN, sous sa forme actuelle, satisfasse aux conditions de la sécurité du monde libre et, notamment, de la sienne propre. Il lui paraît nécessaire qu'à
l'échelon politique et stratégique mondial soit instituée une organisation dont elle fasse directement partie. Cette organisation aurait, d'une part, à prendre les décisions communes dans les
questions politiques touchant à la sécurité mondiale, d'autre part à établir et, le cas échéant, à mettre en application les plans d'action stratégique, notamment en ce qui concerne l'emploi des
armes nucléaires.
Courrier à Eisenhower, président des Etats-Unis, reproduit dans
La France, l'Europe, l'OTAN, une approche géoploitique de l'atlantisme français.