Watchmen, le comic

Où l'on tente de faire la critique d'une bande-dessinée (si même Fashion Victim le fait, alors pourquoi pas moi ?)

Souvenez-vous, j'avais été plus que sceptique quant à la notion de « roman graphique » : en effet, je ne voyais là qu'un vulgaire argument marketing pour distinguer le film des autres adaptation de comics qui fleurissent chaque année depuis quelques temps.

Encore une fois, je fais mon (maxima) mea culpa : je me suis trompé, et bien trompé encore. Je ferai mieux d'y réfléchir à deux fois plus sérieusement avant d'écrire désormais. J'avais déjà eu la puce à l'oreille grâce au commentaire de Loquace et d'un geek, et du coup, j'ai commencé par lire le comics avant que d'aller voir l'adaptation de Zack SNYDER.

Et là, j'ai été scotché. En effet, c'est du grand art, et ça se lit d'une traite non-stop !!!. Je ne parlerai pas des qualités graphiques car je ne m'y connais absolument pas (tout au plus quelques réminiscences collégienes... mais tout ça est, décidément, bien trop loin) mais de l'ensemble et de ce que j'ai ressenti.

Pour celles et ceux qui n'ont absolument pas entendu parler de l'oeuvre : à la mort du Comédien (un des membres actifs des Minutemen, super-héros donc, mais à la retraire), Rorschach, un de ses anciens coéquipiers mène l'enquête : les justiciers ça meurt pas si facilement.

Voilà, pour le prétexte originel et original (en effet, a-t-on souvent vu des super-héros décéder ?) qui va permettre de mettre à jour une galerie de personnages, comme vous et moi, qui voulaient tout simplement un peu plus de justice dans ce monde, mais qui ont été dépassés...

De plus, on se trouve ici dans une uchronie, à savoir un monde en 1985, avec NIXON à la tête des USA - qui ont gagné la guerre du Vietnam - pour un troisième mandat^[1], qui semble de plus en plus basculer dans le chaos et la violence... Ajoutez à cela une URSS qui hésite à envahir l'Afghanistan^[2], ce qui menace l'équilibre du monde^[3]...

Bref, l'avenir est on ne peut plus pessimiste, même si les Etats-Unis possèdent le Surhomme : le Dr. Manhattan (seul super-héros doté de pouvoir surnaturels). Ceux-ci d'ailleurs sont pour la plupart désabusés, corrompus, violents, voire dépressifs, et à la retraite depuis une loi voté en 1972...

Voilà qui change des héros habituels. Ici, on a affaire à des hommes comme les autres, avec leur part d'ombre, qui sont à deux doigts de sombrer dans la déchéance...

Sans compter que la mise en scène est tout simplement somptueuse : on navigue entre présent et passé (avec les anciens Minutemen, et le passé des protagonistes aussi), et on suit également, en parallèle, une histoire de pirates, lue par un gamin, qui met le tout en perspective, et...

J'arrête là, sinon j'en dirai trop. Une oeuvre à lire assurément !

Du coup, je me demande si l'adaptation sera à la hauteur...

Notes

[1] normalement il devrait être à la tête d'un cinquième, mais on n'indique pas si la constitution a été modifié en ce sens

[2] ce qui s'est vraiment passer, je le rappelle pour les plus jeunes qui ne connaissent MASSOUD qu'au travers d'une chanson de SAEZ

[3] d'où également la référence aux aiguilles de l'horloge qui illustre le début de chacun des 12 chapitres