Eric Besson Vs Welcome

Publié le 11 mars 2009 par Oldchaps

Eric Besson, le ministre de l'immigration est en colère contre Philippe Lioret, le réalisateur du film Welcome qui est en salle depuis hier.

Le ministre vient de demander pour la deuxième fois que le réalisateur retire ses propos établissant un parallèle entre la situation des migrants à Calais et celle des Juifs en 1943. Philippe Lioret lui a répondu hier dans le monde. Le réalisateur contredit le ministre en affirmant non pas faire un parallèle entre la situation des migrants et celle des juifs sous l'occupation, mais dénoncer seulement des "mécanismes répressifs" qui se "ressemblent étrangement".

Je peux moi-même témoigner des vexations que je subis régulièrement au sujet de tracasseries administratives, mais un cas particulier ne peut être érigé en exemple excepté lorsque ces pratiques concernent des milliers de personnes. 

Les arguments du ministre de l'immigration

Eric Besson a tenu les propos suivants sur Canal+ :"Tout le monde a le droit de déraper, mais dans ce cas, il faut le dire clairement: je retire mes propos ... Le vocabulaire qui est issu de la deuxième guerre mondiale, traque, rafle, assimilation aux Juifs en 43, est un vocabulaire grave inacceptable et que, selon moi, on ne devrait jamais utiliser dans le débat politique".

Le dialectique et le vocabulaire du réalisateur est, selon moi, pleinement adapté à la situation, c'est sans doute une question de sensibilité monsieur le ministre, il a le droit tout comme moi de penser ceci. De plus contrairement à vos propos, il n'est pas question de "débat politique" mais d'oeuvre cinématographique, celle-ci étant traditionnellement commentée par son réalisateur à la sortie du film. il s'agit donc d'une fiction en tout état de cause. Votre injonction à l'égard de Philippe Lioret est donc caduque - Vouloir ramener cette oeuvre au niveau d'un soit-disant débat politique est mal-venu dans cette situation là.

Secundo, vous avez raison lorsque vous précisez que ce vocabulaire est grave et inacceptable, et c'est bien parce qu'il est inacceptable que Philippe Lioret pointe ces mécanismes là. Je suis pleinement en accord avec lui au sujet de cette législation que vous et votre prédécesseur mettez en oeuvre pour stigmatiser une partie de la population.

La dignité en question

Monsieur le ministre, lorsque l'on s'érige en redresseur de tort, comme vous le faites, il va de soi que l'on se considère comme au dessus de la mêlée, n'est-ce pas ?

Alors je vais me pencher sur votre passé récent que l'on peut consulter sous wikipedia:

Vous avez été adhérent au parti socialiste de 1993 jusqu'au 21 février 2007, ce parti vous a  permis d'avoir de nombreux mandats électoraux. Vous avez été, de plus, un des cadre dirigeant de ce parti, pour faire ensuite partie de l'équipe de campagne de Ségolène Royal en 2007. Vous avez quitté ce parti dans le fracas que l'on sait, et êtes passé immédiatement à l'UMP. Vous avez cependant conservé votre mandat de député, acquis grâce à l'étiquette socialiste, jusqu'à son terme en juin 2007, il est vrai sans étiquettes à compter du 21 février 2007. Le panache aurait pu vous pousser à démissionner, il n'en a rien été.

Monsieur le ministre, nous pourrions affubler votre parcours du qualificatif pragmatique, mais nous pourrions également le qualifier d'un terme qui avait cours à Vichy au siècle dernier; ce dont je me garderais bien.

L'art et la politique ne sont pas fait de la même fibre Monsieur le ministre, je vous demande par conséquent de retirer vos propos  au sujet des allégations dénuées de sens que vous avez formulé au sujet de cette oeuvre d'art. En effet, votre propos est susceptible d'être interprété, à tort par certaines personnes, comme une pression politique exercée sur les oeuvres culturelles; ce qui n'est évidemment pas le cas.