Le déjeuner du 15 août a obtenu le prix du meilleur premier film lors du dernier festival de Venise et a été immédiatement présenté comme le grand renouveau de la comédie italienne. Le jugement, à mon humble avis, est un peu hâtif et exagéré. Le film de Gianni Di Gregorio, par ailleurs vieux complice de Matteo Garrone, est une oeuvre certes pleine de bonne volonté, mais bien trop courte et trop légère pour susciter pleinement l'adhésion. En fait, on a surtout l'impression de voir un bon court-métrage artificiellement gonflé en long format et n'allant pas au bout de ses situations comiques.
Le point de départ était pourtant assez savoureux : Gianni, un italien d'une soixantaine d'années, vit seul avec sa mère de 90 ans et s'occupe d'elle u quotidien. Un travail à plein temps qui ne lui rapporte pas un cent. Il est fauché et n'a pas les moyens de payer les charges de l'appartement romain qu'ils occupent.
Le syndic de l'immeuble vient lui signifier que l'on risque de l'expulser prochainement, mais lui propose alors un marché. Il éponge ses dettes, finance les menus travaux à effectuer sur la terrasse, et lui redonne les clés de l'ascenseur à la condition que Gianni accepte de garder sa mère le week-end du 15 août, pour qu’il puisse partir se ressourcer à la campagne... Gianni accepte évidemment, mais il a la désagréable surprise de voir débarquer non pas une, mais deux vieilles dames, le syndic lui ayant également amené sa tante. Et ce n’est pas fini ! Profitant de cette maison de retraite improvisée, le médecin du brave homme lui apporte aussi sa mère en pension, en échange d’un check-up complet et gratuit.
Gianni doit donc s’occuper seul de quatre vieilles dames. Mais celles-ci, loin d’être séniles, vont s’avérer être de vraies chipies n’en faisant qu’à leur tête, de caprices en désobéissance effrontée.
Le synopsis est extrêmement riche en possibilités burlesques et en options narratives : Les mégères vont-elles s’apprivoiser ? Le ventilateur trouvé sur le trottoir va-t-il être à l’origine d’un accident domestique? Une des vieilles dames va-t-elle mourir? A moins que ce ne soit le coeur de Gianni qui cède, alors qu’il se laisse dépasser par les événements…
Hélas, le cinéaste n’exploite absolument pas le potentiel comique ou dramatique de son sujet, et se contente d’une petite chronique dont le seul intérêt est de parler de l’augmentation de l’espérance de vie, du vieillissement de la population et de la façon de gérer le problème des seniors.
C’est mieux que rien, évidemment, le sujet étant loin d’être inintéressant. Mais on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il y avait bien mieux à faire avec une trame pareille. On est ici loin du cynisme des films de Risi ou de l’élégance des films de Scola. Bref, on est loin des sommets de la comédie italienne, contrairement aux promesses annoncées par les commentaires flatteurs…
Le déjeuner du 15 août, petite chronique toute simple, dépourvue d’ambition, vaut surtout pour l’énergie qui anime les quatre vieilles dames, actrices amatrices de 80 à 90 ans…
Note :