Je prends le parti des pirates.
Ils sont, nous sommes, des millions, en France, chaque jour à échanger des œuvres : des tubes, des films à la mode, mais aussi des films et des disques rares, introuvables, des œuvres oubliées ou “tombées” dans le domaine public.
Ces pratiques sont là pour durer. Elles sont inscrites dans la révolution numérique.
Les tentatives d’interdire les échanges sur Internet -par l’intimidation ou par le filtrage- sont vaines.
Leur coût en termes de libertés publiques est inacceptable.
Cantonnées dans la clandestinité, ces pratiques de partage ne donnent pas, il est vrai, le meilleur d’elles-mêmes.
C’est au grand jour qu’elles révéleront toutes leurs potentialités.
Il est grand temps de reconnaître ces pratiques. De cesser cette guerre contre le public et la jeunesse.
En attendant ce jour, je prends le parti des pirates.
Je déclare que je suis l’un d’entre eux.
Je déclare avoir consommé, remixé ou diffusé des œuvres culturelles.
Alors, pour eux je suis un pirate.
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J’ai déjà posé ici quelques questionnements sur la nécessaire prise en compte de la réalité par les législateurs, sur ce qui me semble une totale incompréhension entre les usages de millions d’internautes et le point de vue de quelques politiques et représentants des lobbies.
Pour toutes ces raisons déjà exposées, j’ai signé l’appel lancé par le Réseau des Pirates, qui, comme leurs illustres ancêtres, ne sont pas seulement des détrousseurs de vaisseau mais égalements des utopistes qui font route vers une société plus égalitaire.
Je vous invite à aller lire l’appel et le Pacte pour les Libertés numériques proposés par ce collectif, à vous faire votre propre opinion… et à signer également si vous pensez que c’est une bonne voie, bien sûr.
Juste pour vous donner envie, un petit extrait du préambule :
Internet et les technologies numériques ouvrent un extraordinaire espace de libertés : libertés de s’exprimer, de créer, d’accéder à l’information et aux oeuvres, mais aussi d’innover et d’entreprendre.
Jamais autant d’informations, de connaissances et de créations n’ont été accessibles à un aussi grand nombre d’individus.
Jamais autant de citoyens et de créateurs n’ont été en mesure d’exprimer leurs opinions sur les affaires du monde, mais aussi de rendre leurs productions accessibles et réutilisables et permettre ainsi d’en créer de nouvelles.D’influents groupes d’intérêt, dans les industries de la culture, des médias et du divertissement, et certaines forces au sein des appareils d’état, supportent mal ces libertés et ces capacités nouvelles. Ils n’ont de cesse, depuis 20 ans, de les brider, de revenir sur elles.