"La crise de l'eau aux Etats-Unis est un fait". Un fait loin d'être apprécié à sa juste valeur dans l'opinion américaine, mais bien réel, comme le prouve Emmanuel Petrella, chercheur à
l'Institut européen de recherche sur la politique de l'eau (IERPE), dans son rapport "les grands malades de l'eau : les Etats-Unis". Depuis la fin des années 70, les réserves naturelles d'eau
douce s'épuisent outre Atlantique. Les sécheresses, d'ordinaire fréquentes dans le sud-ouest américain, sont de plus en plus longues et de plus en plus sévères, et touchent désormais les régions
de l'est et du nord-ouest, naturellement riches en eau. Et la pénurie est tant quantitative que qualitative.
La surexploitation atteint ses limites
Si les Etats-Unis occupent le quatrième rang mondial en termes de ressources en eau renouvelable, les modes de consommation et de production ont conduit à une telle surexploitation de ces ressources qu'elles sont, pour beaucoup d'entre elles, aujourd'hui moribondes. Les secteurs de l'énergie thermoélectrique et de l'irrigation sont les plus gourmands, représentant à eux deux plus de 70 % des prélèvements en eau douce. Vient ensuite la consommation des ménages (13%), qui pulvérise les records mondiaux. Un américain utilise en effet 700 litres d'eau par jour en moyenne, avec des pointes jusqu'à 1320 litres/jour, recensées dans la ville de Palm Springs, en plein désert californien. A titre de comparaison, un européen consomme en moyenne 175 litres/ jour.
Pour satisfaire à ces besoins, les réserves sont ponctionnées plus vite qu'elles ne se renouvellent. Ainsi, l'aquifère d'Ogallala, qui approvisionne notamment la
ville de Phoenix (Arizona) est prélevé à une vitesse 14 fois supérieure à celle de son renouvellement naturel. Le lac Mono, qui alimente Los
Angeles, se vide peu à peu et tend à subir le même sort que son voisin, le lac Owens, disparu à la fin des années 30. Les conséquences de cette pénurie se font d'autant plus sentir que le
territoire américain est soumis à de fortes sécheresses depuis quelques années.
Fin 2007, la sécheresse a plongé la Georgie dans le désarroi, craignant l'assèchement total du lac Lanier, retenue artificielle de 15 000 hectares qui alimente Atlanta.
Une eau de qualité médiocre
Outre la quantité d'eau, c'est également sa qualité qui décline dangereusement. On y retrouve de nombreux polluants chimiques, pour la plupart
d'origine agricole. Et pour cause : l'utilisation des engrais artificiels a augementé de 50% ces 30 dernières années. La pollution azotée est devenue un problème chronique dans la quasi totalité
des Etats américains, sachant que la norme NOx (qui définit le seuil maximal autorisé des émissions d'oxyde d'azote) date de 1971 et n'a été révisée qu'une fois en 1984. D'après l'Agence de
protection de l'environnement (EPA), plus de 30 millions d'américains sont ainis approvisionnés en eau polluée. D'autant que les infrastructures vétustes (certaines ont plus de 100 ans) pèsent
également sur la qualité de l'eau dans laquelle on retrouve du plomb et d'autres métaux lourds.
En 2003, me Natural Ressources Defense Council, association de défense de l'environnement, a dressé un bilan de la qualité de l'eau dans plusieurs villes américaines : Boston, San Francisco et
Phoenix sont les plus mal notées. Et même si les normes de l'EPA sont moins élevées qu'en Europe, Boston et Phoenix ont récemment été réprimandées pour avoir violé les lois fédérales, en matière
de traitement des eaux usées pour la première, de respect des règles de contrôle pour la seconde.
Une gestion coûteuse
La gestion de la distribution en eau est devenue un véritable gouffre financier pour de nombreuses municipalités américaines. Rénovation des infrastructures, création de centres de traitement des eaux usées, contrôles : le budget alloué pèse de plus en plus lourd. Si les systèmes hydrauliques restent à 85% dans le giron public, de nombreuses entreprises, notamment européennes, viennent proposer leurs savoir-faire technologiques.
Les considérations environnementales de Barack Obama et de son équipe pourraient atténuer cette crise. Dans le cadre de son plan de relance, le président américain vient en effet d'allouer un peu plus de 7 milliards de dollars à l'Agence de l'environnement, sur lesquels 4 milliards seront consacrés à la politique de l'eau. De quoi satisfaire la nouvelle administratrice de l'agence, Lisa Jackson, spécialiste du traitement de l'eau et des déchets.
(Source : Novethic).
Le problème, à mon sens, n'est pas seulement une question de budget, mais surtout une question de mentalités ; les américains ont trop pris l'habitude de vivre dans l'excès, sur tous les plans, pour accepter aujourd'hui de revoir la copie de leur si cher "american way of life". Je pense que c'est encore trop tôt pour que les habitudes se modifient dans les foyers américains, même si la prise de conscience sur les questions environnementales est là.