Comment puis-je commerncer cette longue chronique sans vous faire peur pour autant ? Depuis que j'ai (re)découvert Frida Hyvönen (mon ancien post à son sujet se trouve ici), je ne peux plus me passer d'elle. Aucune piano girl (il faut avouer qu'elles sont nombreuses et j'en apprécie tout de même une bonne poignée qui arrive à tirer leur épingle du jeu) ne m'avait fait autant d'effet depuis la découverte de Tori Amos il y a déjà presque 15 ans, c'est dire l'étendue de mon engouement ! Cette grande belle suédoise sophistiquée a définitivement réussi à ravir mon coeur pour plusieurs raisons : sa voix magnifique un peu haute parvient a transmettre des émotions incroyables, elle met son coeur à nu et chante avec une ferveur, une intensité rare, cela peut déconcerter mais ne peut laisser personne insensible. On aime ou pas, il n'existe pas de juste milieu. Ensuite, dans le cadre de ce premier album il y a ce titre grandiloquent que l'on peut traduire "Jusqu'à ce que la mort surviennes..." et cette photo minimaliste d'une pianiste ayant visiblement perdu la raison qui sert de jaquette à l'album qui contribuent à mettre en place l'aspect mystérieux et sombre de l'artiste.
Mais plus important encore, c'est l'âme de l'album qui prime : des arrangements minimalistes : orgue ou piano au choix qui ornementent ces 10 chansons qui se révèlent des comptines sur le désespoir, les coeurs brisés, l'incompréhension, la nostalgie ou le mal du pays, Frida écrit d'une plume acerbe, une audace que l'on ne rencontre rarement, exemple chez Tori Amos, Hello Saferide, Fiona Apple ou Regina Spektor, c'est trop rare pour ne pas souligner la qualité de son écriture. Le dénuement de ces chansons mettent en avant la splendeur de ces morceaux tous plus entêtants les uns que les autres. Comment ne pas succomber à la ritournelle mélancolique de I Drive My Friend, à la douceur de Djuna!, au charme fou de Valerie, à l'exquise urgence sous entendue de You Never Got Me Right que je viens d'écouter près d'une heure non stop, au désenchantement poignant de Once I Was A Serene Teenaged Child, à la noirceur à trancher au couteau de Today, Tuesday, au motownien chaleureux et plein de swing de Come Another Night, à l'époustoufflante mélancolie de N.Y., au ton décalé et enchanteur de The Modern et au final à la chanson la plus aboutie de l'album le boulversant et somptueux Straight Thin Line ?
Et bien je compte dès aujourd'hui abandonner mon système de notation, comme me l'a fait judicieusement remarquer Jimmy, plus de 50% des albums chroniqués se voient attribués la meilleure note, et j'aurai sans conteste donner 100/100 à cet opus génial. Tout les albums que je chronique dans le cadre de ce blog sont mes préférés, les notes peuvent paraître hautes mais c'est ce que je ressens, je n'en ai rien à faire du soi disant recul des chroniqueurs pro, je n'estime pas être une pro, loin de là, la seule chose que me préoccupe est de m'exprimer. Je reprends la conclusion de cet opus : 30 minutes de bonheur intense pour découvrir l'une de mes plus belles découvertes de l'an dernier. Sans conteste cet album est l'un des meilleurs parus en 2006. Un bijou pur, à la fois moderner et rétro, sans fard et si rare.
I Drive My Friends :
C'est ce second album sorti fin de l'année dernière qui m'a permis de redécouvrir cette magnifique artiste. L'ayant téléchargé par ennui, j'ai de suite été frappée par le côté décalé et atypique de l'artiste. Silence Is Wild de Frida débute avec le kitsh Dirty Dancing qui outre ses références au film culte (dans quel sens du terme, ne me demandez pas...) nous fait part dans le refrain d'une ressemblance notable avec une certaine chanson bien connue de la plupart d'entre-nous (qui constitue également une autre référence à Patrick Swayze). Cette chanson d'amour qui finit (une fois de plus) mal est très émouvante. On est rassuré, Frida n'a pas perdu son chant exceptionnel et sa capacité à transmettre l'émotion comme nulle autre. La claque. Enemy Within ne se départi pas de l'aspect kitsh intelligent que Frida décide de donner à l'album : des arrangements grandiloquents (loin du minimalisme du premier album) nous donnent l'impression plus que jamais que l'ombre de Phil Spector n'est pas loin. L'un des meilleurs single de 2008 si cela n'est pas assez parlant pour vous. Prodigieux.
Pourtant il y a encore bien meilleur, si cela n'était possible : Highway 2 U constitue l'une des meilleurs pistes de l'album. Cette ballade renversante m'a fait versé une petite larme. A écouter d'urgence. Je ne compte plus le nombre de fois que j'ai écouté London! Il est le morceau que j'ai le plus écouté en 2008 assurément. Cette piste effervescente, pétillante sur les mésaventures de la demoiselle en pays inconnu est mon morceau préféré par excellente. C'est irrésistible, frais et sublimement mis en scène, je vois déjà le type de vidéo qui pourrait parfaitement convenir à cette pépite pop psyché. Plus simple, plus calme et émouvant My Cousin et ses grosses ficelles en forme de violons et de trémolos dans la voix de Frida vous toucheront sans aucun doute. Superbe. Plus déchirant, le sublime Science vous procurera des frissons glacés absolument délicieux. Boulversant. On atteint le summum du kitsh avec le sautillant et génial Scandinavian Blonde qui fait et défait les clichés concernant les belles nordiques.
De nouveau, c'est les montagnes russes émotionnelles que nous propose Frida dans le cadre de cet album plus coloré : un coup, une chanson légère suivie d'un morceau plus triste et sobre : December qui évoque l'avortement propose des paroles mélancoliques et désoeuvrées sur des arrangements faussement guillerets, un contre pieds admirable. L'une des chansons le splus décalées et originales est sans conteste Birds, la pop électro de ce morceau est irrésistible. Lumineux. De même Pony reste dans une ambiance délicieusement pop électro très réussie et intense qui définissent l'une des meilleures pistes de l'album. A écouter pour son audace. Sic Transit Gloria renoue avec la simplicité des débuts musicaux de Frida. Ce morceau émouvant montre à quel point Frida peut se montrer classe et grande. Mention particulière aux arrangements : le violoncelle et le piano sont fantastiques. Oh Shangai sur fond d'une musique qui sent le cliché chinois par excellence est tout simplement magnifique, que de frissons ! Why do you love me so much clôture sur une magnifique note intimiste épurée. Comment serait-il possible de l'aimer moins ?
Mélodiquement fantastique, écrit d'une plume inspirée et pointue, interprété avec une justesse extraordinaire, que d'adjectifs utilisés pour qualifier cet album de petit chef d'oeuvre, en tous les cas du même acabit rare du premier opus. Plus sophistiqué, aussi boulversant, Frida s'impose assurément comme l'une de mes chouchoutes préférées (le mot préféré fait la différence), je me sens vivante et investie quand j'écoute sa musique. Un des meilleurs albums de 2008.
Dirty Dancing (Live) :
Pony (Live) :