Si l'on m'avait dit un jour - pas si lointain - que je serai amenée à débattre de l'identité numérique et de e-réputation, j'aurais sans doute pensé à Bienvenue à Gattaca ou à 1984...
Le thème de ce débat du moi(s) sur Régionsjob me réjouit puisqu'il comporte côté-à-côte deux mots bien d'aujourd'hui, riche de problématiques. J'y consacrerai surement plus d'un billet.
Avant même d'évoquer le numérique, un petit détour par le mot identité s'impose.
Vaste sujet...si je puis dire. Des sociologues aux anthropologues en passant par la psychanalyse et la psychologie, il y à de quoi dire, surtout aujourd'hui.
Rappelez-vous, on nous suffisamment souligné que nous étions dans une époque où le moi règne en maître. Celui qui cherche à s'exprimer, à s'exposer, à se mettre en valeur, à se conforter. On a aussi souligné combien les blogs (ces journaux de bord) étaient des divans ou des salons, c'est selon.
Seulement, plus je les fréquente, plus je pense que - même si certains fondamentaux demeurent, en fonction des individus - ces blogs contribuent plutôt à construire l'identité (numérique) justement.
Je m'explique. Il faut quand même des définitions, mêmes succinctes, et même si je croise volontairement psychanalyse et sociologie.
Sur le moi: La personnalité égoïste. (psychan.) Instance régulatrice de la personnalité, distincte du ça et du surmoi, et permettant à l'individu de s'équilibrer entre les pulsions et la réalité. (Source mediadico) - et, non, je ne donne pas les définitions du Ça et du Surmoi, je ne s'en sort plus (et, oui, les lacaniens peuvent sourire à ce stade!).
Sur l'identité, je vous renvois à cet article limpide de Dominique Wolton (sociologue, chercheur CNRS), dont je cite ici un passage (qui est un point de vue issu de l'anthropologie):
En fait, l'identité est un concept qui permet de définir le résultat de l'activité de constitu–tion du moi. L’identité est une synthèse du moi soumis à différentes aspirations et temporalités, à différentes stratégies et relations sociales.
Cette approche me semble bien adaptée à ce qui se passe avec l'identité numérique, car elle contient ces différentes dimensions.
Il y a aussi un concept finement élaboré par Winicott (pédiatre, psychanalyste), et qui semblerait bien approprié à ce vers quoi pourrait tendre l'identité numérique pour exister: le self. Si vous me lisez toujours, voici une explication:
Le self, c'est à la fois le Moi, le ça et une partie du Surmoi. C'est la partie la plus créatrice de notre personnalité, c'est celle qui imagine, qui joue. C'est le fondement du symbole, qui nous donne le sentiment d'exister. C'est la partie que nous reconnaissons comme étant nous-même, nous représentant spécifiquement. Le vrai self est un état où on a suffisamment confiance en soi et en l'environnement pour être soi-même. Le self nous donne l'impression de notre identité, de notre intimité.
Donc, pour résumer: construire (je ne dis pas maîtriser) une identité numérique suppose de savoir qui l'on est, ce que l'on veut, le tout en interagissant avec les autres dans des temporalités différentes, en étant créatif et attentif et, surtout, en étant soi-même!
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