"Skald est une compagnie de théâtre musical fondée par Sowila Taïbi et Jaufré Darroux. Explorant le lien entre tradition et modernité avec une exigence de pluridisciplinarité, elle oeuvre pour la transmission du patrimoine mythique. Son projet : un Art Vivant du Non-Oubli."
Tout un programme, pour cette troupe dont l'ambition clairement affichée paraît des plus nobles : transformer ce qui apparaît largement aujourd'hui comme une culture morte en un processus de création vivante et intégrée à la reproduction sociale. Les deux fondateurs ont nourri leur entreprise d'une riche expérience théâtrale et musicale, qui puise largement aux sources européennes, mais s'alimente également de la tradition asiatique chinoise et indienne. Quel sens donnent-ils à leur projet ?
"Dans notre société de surconsommation où le désir "d'avoir" a occulté la nécessité "d'être", quels aspects de l'Homme et du Monde doit révéler l'Art Vivant ?
Tous deux passionnés par les mythes, légendes et épopées, nous sommes convaincus, après avoir étudié certains d’entre eux (l’Edda scandinave, la légende arthurienne, le Mahâbhârata, les mythes irlandais et gallois, les textes homériques…) que les valeurs qu’ils véhiculent sont toujours d’actualité.
C’est pour cela que nous avons choisi de les mettre en scène, et ce dans le souci de retrouver l’esprit et la manière de faire que nous supposons être ceux des anciens bardes, scaldes, aèdes et autres trouvères du passé, et que nous constatons être toujours ceux des griots africains et des bardes du Rajasthan, du Népal et autres contrées extrême-orientales. A leur exemple, il nous a paru impossible de dissocier l’art du Son et l’art du Sens : l’union étroite de la musique et de la parole peut seule permettre la transmission pleine et entière de ces récits initiatiques, fondateurs de notre civilisation."
Il ne s'agit donc pas d'un N-ième projet "multi-culturel" fumeux, mélant sans le moindre souci de cohérence ni d'esthétique des traditions dissemblables, mais d'une audacieuse quête de la tradition européenne, une quête qui passe, quand c'est nécessaire, par l'observation du génie propre des hommes d'ailleurs, Asiatiques ou Africains.Le répertoire de leurs spectacles ne peut que retenir l'attention de celui qui est en quête de la Tradition ; il est même, dans une certaine mesure -qu'on me pardonne cette emphase-, une forme de manifeste pour la civilisation européenne : Metamorphosis, d'après Ovide ; L'Ane d'Or, d'après Apulée ; Yvain, d'après Chrétien de Troyes ; Chasses fantastiques, d'après Lady Gregory.
Enfin, signalons que la troupe doit se produire prochainement, pour une représentation de l'Ane d'Or, dans ce qui est sans aucun doute l'un des plus hauts lieux de la religion de nos ancêtres : 13 juin 2009 - Grand (Vosges) - Festival "Apollon Grannus : les arts antiques dans le sanctuaire le plus beau du monde".
Je ne sais si le théâtre de Grand est effectivement le plus beau du monde, mais il est en tout cas le plus extraordinaire édifice de spectacle de notre Gaule ; c'est donc sous le patronage de l'Apollon celtique de Grand, Grannus, que vous pourrez vous aussi vivre l'expérience de l'art sacré qui a fondé notre civilisation depuis ses origines.
Nous y serons !
En attendant, visitez leur site, où vous trouverez les détails de leur programme ainsi que des extraits musicaux du disque de harpe celtique Sangreal qu'ils viennent de produire.
Amaury Piedfer.