Comme chacun sait, les militants socialistes vont être amenés jeudi à s’exprimer sur les listes proposées par le Conseil National du PS pour les prochaines élections européennes.
La composition de la liste pour la circonscription Centre-Auvergne-Limousin est pour le moins surprenante. En effet, la tête de liste n’émane pas de ce territoire pourtant vaste, et aucun limousin n’y figure.
Pour ma part, en tant que Député européen sortant, fort d’une expérience certes brève mais incontestablement très riche en avancées politiques, j’avais déposé ma candidature pour tirer la liste et mener la campagne sur la grande circonscription afin de défendre des territoires. Les socialistes limousins m’ont soutenu dans cette démarche et ce, bien avant que la question du cumul des mandats ne se fasse jour. Je m’étais d’ailleurs engagé à respecter les règles de mon Parti et à me mettre en conformité après une éventuelle réélection. Loin d’un acte personnel ma candidature était avant tout une mise à la disposition du PS, comme je l’ai toujours fait. Je pense notamment au dernier scrutin européen de 2004 pour lequel je ne revendiquais qu’une douzième place sur la liste. Au regard des 62 % obtenus lors des régionales, mes camarades m’ont placé à une quatrième position qui m’a valu ce mandat de député européen, à la faveur de l’élection de Bernadette BOURZAI au Sénat en septembre dernier.
Ayant toujours été au service de mon Parti et n’ayant personnellement jamais rien demandé, j’aurais espéré un peu plus de respect pour ma personne, ma fédération et ma Région. En effet, ni moi, ni aucun limousin n’a été ne serait-ce que cité lors du Bureau National pour figurer sur la liste européenne. Cette situation et ses implications médiatiques ont été difficiles à vivre, pour mes proches, mais aussi pour mes camarades et même pour beaucoup de mes concitoyens. Je tiens d’ailleurs à remercier toutes celles et ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur du Parti Socialiste, me soutiennent et me témoignent de la sympathie. Ils ont compris que leur région n’est pas représentée sur cette liste, ce qui aura, à n’en pas douter, des conséquences catastrophiques sur le résultat de ce scrutin.
Il est ainsi tout à fait regrettable que le critère numéro 1 de constitution de la liste n’ait été la représentativité des territoires, mais la représentation des courants du PS dont les citoyens n’ont que faire et qui les agacent fortement. Le rassemblement des socialistes est une nécessité, mais il s’agit d’un argument de congrès, pas de campagne européenne ! Ce n’est pas avec ces méthodes d'un autre âge que nous arriverons à rapprocher l’Europe des citoyens et encore moins à bâtir l’Europe politique, sociale et solidaire que tous les socialistes appellent de leurs vœux.
Parce qu’il faut que les instances nationales du PS reviennent à la raison, parce qu’il est incontournable que chacune des trois régions Centre, Auvergne et Limousin ait un représentant(e) dans les trois premiers de la liste, parce que les socialistes ont un levier démocratique avec le vote interne du jeudi 12 mars, il faudra rejeter la liste qui nous est proposée. C’est l’unique solution pour obtenir une prolongation dans ce match de la désignation et pour mettre fin aux pratiques archaïques et inacceptables dans la désignation de candidats(e)s à quelque élection que ce soit, ce sont les militants qui doivent choisir.
Jean-Paul DENANOT