The Phantom Band - Checkmate Savage (2009)

Publié le 10 mars 2009 par Oreilles
Ne pas s’enflammer. Ne pas vous lâcher dès la deuxième phrase que ce disque sera mon meilleur de 2009. Trop tard. Comment ces gars ont-ils pu concilier les genres, sans sonner patchwork, et atteindre un niveau équivalent à un Black Mountain en fin de carrière, sur un premier album ? C’est la question que je me retourne encore et encore dans la tête depuis que je voyage dans ce Checkmate Savage, il y a quelques semaines déjà, temps nécessaire pour assimiler et digérer ce disque. Nous ne sommes pas les seuls à en parler et d’autres que moi l’ont déjà fait de très belle manière (ici, ici, ou là). Imparable, Inimaginable, Impossible sont les mots qui ressortent, et encore, je vous épargne les échos venus d’outre manche. On est face à du lourd, c’est sûr, mais qu’est-ce qui les rend si différents des autres ?
Réunion de vieux briscards qui hésitèrent longtemps avant de se fixer sur ce patronyme spectral, The Phantom Band vient d’Ecosse (Glasgow) tout comme The Beta Band (auxquels ont les a trop rapidement comparés) et quasi The Delgados, d’où s’est désigné comme une évidence Paul Savage (un rapport avec le titre de l’album ? et au passage un ami de Dave Fridmann) à la production de ce brûlot. Un travail d’ailleurs impeccable, réussissant l’exploit sur neuf titres (bon ok, tous près des sept minutes) de ne pas faire se ressembler deux morceaux. Alternant nuance et rentre-dedans, et apparemment sans drogues, le chanteur Rick Anthony et ses collègues brouillent toute piste existante, et nous emportent dans ce grand tour en manège, dans le manoir hanté des Highlands.
Surtout, ne pas se fier à l’apparente simplicité de "The howling", titre inaugural assez classique, encore que, et savourer patiemment le dubstep tribal de "Burial song", parce qu’après c’est parti, et ça ne s’arrête plus. "Folk song Oblivion", quel morceau ! Proto rock à la guitare folle, qui connait par cœur les élans de voix crépusculaire de Rick et de ses amis, et qui se termine comme on ne l’avait pas prévu. Comme dans le deuxième grand morceau de l’album, "Throwing bones", rempli de petits sons à la Beta Band cette fois, et vraiment magistral, dans sa façon à mi-parcours de tout exploser sur son passage avec cette séance d’harmonies vocales venue de l’au-delà. Ces deux morceaux méritent à eux-seuls l’achat du disque. Attendez la suite. _


L’instrumental "Crocodile", aux sonorités post rock, invite clavier cornemuse à jouer avec les orgues. Inédit et délesté des chœurs virils entendus plus tôt. "Halfland", plus hirsute, s’appuie sur une rythmique délibérément blues, lorgnant vers le kraut. Pearl Jam jouant avec Neu ! en somme. On passe ici d’une atmosphère à l’autre avec une étonnante facilité, comme sur "Left hand wave" qui allie basse et synthés, encore une fois de façon très subtile. Impeccable jusqu’au bout du morceau, à chaque fois. Et pour couronner le tout, les six garçons savent aussi se calmer et entamer neuf minutes d’america au banjo et au clavier, beau à en chialer. Grandaddy n’aurait pas fait mieux. Et pour tout le reste, Field Music, Captain Beefheart ou Robert Wyatt approuvent. Coup d’essai, coup de maître !
En bref : six démiurges écossais vous apportent sur un plateau un premier album résolument rock, tout simplement génial et innovant, conjuguant kraut, prog et psyché. Un sacré coup de pied dans la fourmilière.
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A noter que le disque est encore disponible en vinyle (9£ !) dans sa première édition limitée à 500 exemplaires avec un 7’ en sus. Il ne le sera bientôt plus, et sera remplacé par un seul et même disque à la pochette bien moins intéressante qui plus est. Alors précipitez-vous, ça se passe là.
Le site officiel et le Myspace
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"Folk song Oblivion" et "Throwing bones" en clips officieux :