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SOMBRE DUCASSE (version justifiée)
sombre ducasse des jours et des jours
des nuits et des nuits je flotte dans
l’espace je ne peux pas rejoindre mon
vaisseau ce matin il a gelé à nouveau
l’air se vicie dans mon scaphandre il
serait temps que j’arrive ailleurs je
ne sens plus mes doigts engourdis mes
poèmes je les écris en plusieurs fois
je n’ai plus de mémoire vive mon café
je l’ai laissé beaucoup bouillir dans
les derniers kilomètres je me déplace
dans une contrée pour laquelle on n’a
dressé aucune carte donc je m’allonge
et j’écoute toute la musique de temps
en temps des points lumineux glissent
devant mes yeux J’AI LES YEUX OUVERTS
entrez dans la danse dans la danse et
voyez comme on danse sautez dansez et
embrassez qui vous voudrez je connais
trop de monde je plane sur une orbite
géostationnaire ne quittez pas il est
bientôt trop tard NOUS N’AVONS RIEN À
PERDRE NOUS N’AVONS RIEN À GAGNER les
esclaves de nulle part se rincent les
doigts dans la cuisine prose-épine le
feu des fusils à canons sciés chauffe
ils dégoulinent koulaks dans un évier
planétaire leurs chuchotements impurs
sont masqués parmi les bruits de toux
urbaine similaire les justiciers jupe
relevée pataugent dans les débris des
assemblages scolaires audiovisuels je
rêve cette promenade depuis longtemps
dans des bureaux encrassés leurs murs
lacérés de graffitis n’est-ce-pas les
jeunes enfants destinés à l’espace se
tiennent au courant comprennent toute
la situation à l’écart du tumulte sur
la place du village devant les stèles
[…]
Lucien Suel, Sombre ducasse in Ivar Ch’Vavar et camarades, Le Jardin ouvrier 1995-2003, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2008, pp. 179-180.
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