Elle a craqué. A 47 ans, Nawal al-Samarraï vient d'annoncer sa démission. Nommée en juillet dernier au poste de Secrétaire d'Etat aux Affaires féminines, cette Irakienne, gynécologue de formation n'aura pas fait long feu.
Elle n'en pouvait plus, dit-elle, de « travailler dans un Ministère sans moyens, sans pouvoir, sans antennes, en province », tout en regardant « la société s'effondrer » sans pouvoir agir.
Quand elle a pris ses fonctions à Bagdad, il y a six mois, l'enthousiasme était pourtant au rendez-vous. « L'occupation, le terrorisme, l'économie du pays qui s'écroule... Tout cela a mené à une armée de veuves, à l'augmentation du nombre de divorcées, de femmes célibataires, de mendiantes », confie-t-elle aujourd'hui à l'AFP.
Une récente étude, menée par l'ONG britannique OXFAM, en collaboration avec l'association irakienne Al-Amal, va dans le sens de ce constat sans appel. Intitulée « In Her Own Words: Iraqi women talk about their greatest concerns and challenges » (Avec leurs propres mots : les Irakiennes parlent de leurs principales préoccupations et de leurs défis), elle révèle à quel point l'insécurité continuelle affecte le quotidien des femmes irakiennes.
On y apprend qu'environ 60 % des sondées ont déclaré que la sécurité était leur première préoccupation, bien qu'elle se soit améliorée depuis la mi-2007.
La moitié des femmes interrogées disent également avoir été les victimes directes ou indirectes des violences, depuis l'invasion du pays, en 2003, par les forces de la Coalition.
Toujours selon l'enquête, un quart des Irakiennes interviewées n'avaient pas quotidiennement accès à l'eau potable, et la moitié d'entre elles ont expliqué qu'elles avaient eu des difficultés à bénéficier de soins de santé de qualité en 2008, comparé à 2006 et 2007.
Enfin, 40 % des mères de famille sondées reconnaissent que leurs enfants ne vont pas à l'école...
(crédit photo : AFP)