Le féminisme au Québec

Publié le 10 mars 2009 par Helene

On est le 9 mars et j’ai manqué de peu la Journée de la femme.

C’était l’occasion de rappeler que la femme québécoise a obtenu le droit de vote quatre ans plus tôt que la femme française. Soit 1940 au Québec et 1944 en France.

C’était surtout l’opportunité de parler de façon très personnelle du féminisme au Québec. Le féminisme québécois est très marqué et, couplé à la culture nord américaine, il entraîne des relations entre hommes et femmes qui m’ont toujours semblé particulières.

Les femmes québécoises, après avoir fait des enfants « à la chaîne » jusqu’à la Révolution tranquille des années 70, sous le joug de la religion catholique (avoir 15 enfants n’était pas rare), en sont venues à ne plus en faire du tout. Elles sont aujourd'hui parfaitement émancipées. Elles ont des « chums » (dire tcheum), ce qui veut dire copain. Le Québec m'a toujours apparu comme le « pays » des divorces et de la garde partagée, souvent d’un enfant unique.

La France et surtout Paris étaient, avant mon départ au Québec en 1999, un pays de célibataires, correspondant peut-être aux derniers soubresauts post soixante-huitards (la SNCF créait des tarifs spéciaux pour voyageurs célibataires). Elle est devenue en 10 ans un pays d’enfants et de couples traditionnels, mariés en smoking et robe blanche.

Au Québec, il y a au contraire peu d’enfants. Les femmes sont libres et maîtres de leur destin. Elles ont toutes une job et un char. Une nouvelle révolution ne semble pas pour demain, mais peut-être je me trompe sur ce point. Et les québécois, dans tout ça? Ils n’usent point de subterfuges tel que séduction, galanterie, compliments, regards coquins ou bouquets de fleurs pour trouver une blonde (copine). Que nenni! Ces codes ne s’emploient pas. Les relations sont directes. En bref, je t’annonce tout de go que tu me plait, on couche ensemble et hop! L’affaire est classée. Ici on est pratique, direct. Les relations amoureuses se gèrent comme un to do list (une liste de tâches à accomplir).


Voici quelques conséquences dans la vie de tous les jours : d’abord, l’homme ne drague pas la femme, c’est la femme qui drague l’homme. Les hommes ne retiennent pas les portes (et les femmes non plus d’ailleurs). Ils ne proposent pas aux femmes de porter galamment leur sacs et paquets. Au restaurant, chacun paie son addition, au centime près, au nom de la parfaite égalité des sexes. En couple, chacun paie sa part de loyer, même si l’un gagne trois plus que l’autre, toujours au nom de l’égalité. Partage des tâches obligatoires et, en cas de séparation, chacun fait ses comptes, personne ne doit y perdre au change.


Pour moi qui débarquais dans ce merveilleux pays, jeune et naïve, je me suis vite rendue compte qu’on ne m’avait pas tout dit. Au Québec, une femme étrangère prend 10 ans d’un coup : les hommes ne la regardent plus. Et un homme étranger doit oublier tous ses plans séduction habituels. Il doit tout remettre à plat, observer et réfléchir. Heureusement, Montréal est une ville cosmopolite, ce qui sauve souvent ceux venus d’Europe, d’Amérique latine ou d’ailleurs.

A trop vouloir l’égalité des sexes, en plus de l'influence anglo-saxonne, les rapports entre hommes et femmes au Québec sont assez déconcertants vu de l'extérieur. Cela n'a pas contribué à développer mon côté féministe, toute femme que je suis. Il faut continuer à lutter pour l’égalité des salaires ou des droits fondamentaux. Mais il reste que les hommes et les femmes sont beaucoup plus complémentaires qu’égaux, ce qui n’est pas tout à fait pareil. Peut-être qu’au Québec, on a trop exagéré question égalité. Et les conséquences ne sont pas toujours en faveur de la femme elle-même. Parfois peut-être, la femme québécoise rêve en silence d’un vrai gentleman, un homme fort, galant et protecteur, qui lui offre des bouquets de roses...
-