L’affiche annonçait «Claude Egéa Quintet». De quoi se réjouir car j’avais été enthousiasmé par ce trompettiste à qui Jazz sur son 31 avait donné carte blanche cet automne. De quoi se réjouir également car il se produisait, samedi dernier à l’auditorium de Cahors, entouré par quatre musiciens qui valent, chacun, le détour.
Au piano, Manuel Rocheman, figure discrète derrière ses lunettes et ses cheveux poivres. On l’a déjà rencontré sur le blog à propos d’un travail qu’il accomplit avec, notamment PO et Jo Govin, autour de Tonino Horta. A la contrebasse, Patrice Caratini, génial initiateur du Caratini Jazz Ensemble, compositeur (le quintet a joué une de ses compositions qui devrait sortir prochainement), arrangeur (encore samedi, en rappel, une biguine arrangée par Caratini himself et Alain-Jean Marie); à la batterie, Thomas Grimmonprez, benjamin de la formation, un grand décontracté. Superbe; au trombone et à la trompette basse, Denis Leloup, devant toute avec Claude Egéa. Mais, samedi, ce dernier avait un léger avantage. Car, si on a parfaitement senti qu’il n’y avait ni prééminence ni hiérarchie dans la musique, Claude Egéa rendait hommage à son premier prof de trompette, un prof présent dans la salle et enseignant à l’école de musique de Cahors. Pour lui, ce fut Mingus. Mais du Mingus, il y en eut à six reprises, toutes superbement interprétées. Comme d’ailleurs celles de Lee Morgan ou encore Benny Goodman. Chaque note, superbement exécutée, génère une impression de rigueur mêlée à un souci de produire une musique riche. Certes, entre Lee Morgan et Charlie Mingus, l’hommage aux Anciens pouvait sembler trop systématique. Mais le «Duke Ellington Sound of Love» emportait tout sur son passage: l’adhésion du public, le silence dans la salle et, la dernière note sonnant, la salve d’applaudissements. Bravo Maestro.
Gilles