La langue de l’Europe, écrit Umberto Eco, c’est la traduction.
Du 6 au 14 mars prochain, Strasbourg invite les littératures européennes à se côtoyer grâce aux traducteurs. ” Le traducteur est un passeur affirment Souad el Maysour (vice présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg) et Daniel Payot (adjoint au maire de la ville de Strasbourg), il tisse des liens, il apporte sa contribution à la confection de cette grande toile dans laquelle, où que nous soyons, d’où que nous venions, nous pouvons rencontrer des voisins proches et lointains, des langues familières et inédites...
L’initiative ne peut que séduire dans cette ville où l’écriture a une histoire attestée. On se souvient, en effet, qu’en règlant le conflit qui opposait les héritiers de Charlemagne, les Serments de Strasbourg (signés en 842), vont modeler la carte de l’Europe pour les siècles à suivre. Mais, pour les linguistes, le traité est également de très grande importance car ce sont les premiers documents où le latin cède la place aux langues vulgaires, le roman pour la partie occidentale de l’empire, le tudesque pour la partie orientale.
Le mot tudesque vient de l’adjectif germanique tiudesc, qui signifie «populaire». Cette racine se retrouve aussi dans le mot tiudesc-Land qui signifie le «pays du peuple». Au fil du temps, il se transformera en Deutschland, nom actuel de l’Allemagne. (d’après le site Herodote)
C’est ainsi. Le coeur de Strasbourg bat toujours au rythme des langues parlées dans ses rues. Et les institutions européennes réaffirment sa vocation de carrefour culturel. Plus que jamais, du traité politique à la littérature, le traducteur est nécessaire. “Traduire, c’est interpréter, non trahir.” C’est le titre de la présentation de demain, à la Librairie Kléber . D’autres suivront. Nous en reparlerons.
Statue de Gutenberg, de David d’Angers, place Gutenberg à Strasbourg.