Voilà donc un petit questionnaire que je leur ai adressé pour mieux comprendre les enjeux de ce type d'organisation voué à désencombrer les centre villes, mais aussi à diminuer le coût d'une voiture pour un usager...
Bonjour ReAct, présente nous en quelques mots Mobilib' ?
Bonjour Dim et merci de nous accorder cette fenêtre...Mobilib’ est une toute jeune association. Déposée fin juillet 2007, elle a été créée dans le but de fournir une structure légale pour mettre en place un système d’auto-partage sur Toulouse. Le mode associatif était évident pour permettre à chacune des personnes intéressées d’apporter sa pierre à l’édifice (ou au service) mais aussi pour représenter une personne morale dans les nombreuses phases de négociation que nous pourrons rencontrer.
Quelle est la définition et la philosophie de l'auto-partage ?
La définition, ce serait « la location d’une voiture à l’heure voire à la demi/heure ». Mais l’auto-partage, c’est avant tout une réflexion sur notre mobilité quotidienne.Je vais essayer d’être bref.
Dans nos sociétés (ou dans nos grandes villes), beaucoup d’entre nous possèdent une voiture et les études montrent que la majorité de ces voitures roulent, dans le meilleur des cas, une heure par jour, voire une heure par semaine.
S’ajoute à cela que, finalement, posséder une voiture nous pousse à nous en servir dans des situations où on aurait pu s’en passer: parce qu’on paye une assurance, parce qu’on a payé cette voiture, ce sont des arguments pour la « rentabiliser » en dépit parfois du bon sens.
Le raccourci utilisé est ainsi "On ne possède pas une voiture, c’est la voiture qui nous possède". L’auto-partage repose sur le principe qu’on peut facilement partager une voiture entre plusieurs utilisateurs sans que cela n’impacte la mobilité de chacun de ces utilisateurs.
Tout le monde y gagne, l’utilisateur par les économies qu’il réalise, la ville par le nombre réduit de voitures (en moyenne, 1 voiture partagée = 7 voitures individuelles), l’environnement par la diminution des émissions de CO2 et le citoyen par la diminution de la pollution sonore et atmosphérique.
Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?
Le système se veut simple et accessible. A votre inscription, il vous est remis une carte magnétique ainsi qu’un code personnel. Lorsque vous désirez une voiture, vous la réservez pour le jour, l’heure et la durée que vous souhaitez (par téléphone ou par internet 24h/24). Vous pouvez choisir le modèle de voiture et l’emplacement le plus proche de chez vous. Le jour J (à l’heure H), vous récupérez la voiture grâce à votre carte magnétique. Les clefs sont dans la boite à gants : vous les récupérez grâce à votre code personnel. Vous signalez l’état de la voiture (propreté, si elle est abîmée) via un ordinateur de bord connecté en permanence via GPRS. Et c’est tout. A votre retour, vous restituez la voiture là où vous l’avez prise. Tout le reste, entretien, réparation,assurance sont mutualisés : c'est-à-dire que vous ne payez que l’utilisation de la voiture.
Ce système marche déjà dans plusieurs villes en France (lesquelles) , quel est l'état des lieux aujourd'hui ?
On observe depuis disons un peu moins d’un an, un développement très fort de l’auto partage en France. Mais il faut bien savoir que ce service existe depuis 1999 à Paris (caisse-commune ) et depuis bien plus longtemps encore en Suisse d’où l’idée est née (Mobility).
Le système fonctionne plus que bien et en suivant de près le développement des sociétés existantes, on remarque que l’achat et le placement de nouvelles voitures est très régulier (1 à 2 voitures/mois). Bien sûr, ce n’est pas exponentiel, et ce déploiement a ses limites (le but n’est pas de remplacer toutes les voitures individuelles par des voitures d’auto-partage), mais cela montre que l’intérêt des citoyens est grandissant. Par la suite, de nombreuses améliorations peuvent être apportées pour les utilisateurs ou pour l’environnement, mais je laisse votre imagination explorer le potentiel d’un tel concept.
Quelles relations aux pouvoirs publics dans une structure comme la votre ?
L’auto-partage ne peut se développer qu’avec le soutien des pouvoirs publics mais également par des partenariats avec des sociétés privées. En effet, l’auto-partage a besoin des modes de transports déjà existants (métro, bus, vélo…), d’une structure d’accueil des véhicules (place de parking en voirie) et aussi de pouvoir proposer des tarifs avantageux chez les loueurs classiques, pour le taxi ou pour les TC (transports en commun).
Bref, l’auto-partage est à l’interface de tous les modes de déplacements qu’offre une ville.
Comment comptez vous vous lancer ? Où en est l'association ?
Dans une première phase, nous nous devons de fédérer les personnes intéressées sur Toulouse. Donc, nous lançons un appel en ce moment pour que ces personnes se manifestent auprès de nous (via le site internet ou par mail).
Le but est de réunir suffisamment de personne et de réaliser une réunion d’information fin Septembre. De là, nous mettrons en place ensemble le fonctionnement de l’auto-partage sur Toulouse. Si le nombre de personnes est suffisant (on s’est basé sur une cinquantaine, pour 5 voitures… mais si c’est plus tant mieux), alors, on s’attaque à la partie cachée de l’iceberg : le financement.
Sinon…
J'ai vu sur le site de Mobilib que vous vouliez passer en SCIC, quel est l’intérêt de cette forme juridique de société ?
Très récemment, un loueur et un gestionnaire de parking (je ne tais pas leur nom : Avis et VinciPark) se sont associés pour mettre en place une structure d’auto-partage nationale. Ils ont installés leurs premières voitures à Paris (en grande pompe, à la limite de dire qu’ils avaient inventé le concept.sic).
Bref, vu comme ça, ça peut paraître génial. Sauf, qu’à la différence d’une SCIC (ou d’une SCOP), qui permet de maintenir un dialogue social et d’impliquer l’utilisateur directement dans le fonctionnement du « service », une société privé va viser directement le profit au détriment du service (je sais, je vois le mal partout).
Finalement, la structure coopérative (association, SCIC ou SCOP) est la seule à pouvoir garantir une tarification juste et dont le but n’est pas purement mercantile mais bien le développement et l’amélioration du service. Pour appuyer mes dires, si on compare les prix, on s’aperçoit que tous les services existants proposent une tarification inférieure à ceux de nos deux protagonistes. La seule chose qui m’inquiète, notamment sur Toulouse, c’est l’omniprésence des parkings Vinci et donc la facilité pour eux de s’implanter. S’ajoute à cela le risque de « lobbying » d’une telle structure (comme dans l’exemple Movimento vs JCDecaux). C’est pourquoi, encore une fois, il faut montrer rapidement que l’on est présent et que notre structure fonctionne.
Le futur proche de l'association ??
Mailing, web et bouche-à-oreille (très important) pour être suffisamment nombreux fin Septembre et mettre en place efficacement le service sur Toulouse. Sinon pas mal de travail : support de communication, site web, contact, négociation… je ne vous cache pas qu’on aurait (aura) besoin de toutes les âmes dévouées et qui veulent défendre un service citoyen et éco-citoyen.
Autre chose (libre expression) ?
Souvenez-vous, l’auto-partage sur Toulouse, c’est pas nous qui le faisons, c’est vous qui le faites.
Pour les contacter :info@mobilib.fr Plus d'info :
++ Site de Mobilib'
++ Liste des services d’auto-partage dans le monde