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7 le chiffre chanceux.

Publié le 09 mars 2009 par Wilverge
7 le chiffre chanceux. La route.
De Uyuni à Tupiza, Bolivie
Il fait encore nuit. La petite ville d'Uyuni dort pendant que nous sommes sur le trottoir devant la gare d'autobus, il est 5h30 du matin.
En fait, nous attendons le bus de 6 heures étant donné que nous n'avons pu prendre le train hier. Dans notre guide de voyage, il est déconseillé de faire ce trajet par la route, car on dit qu'elle est mauvaise. On fait tout de même à notre tête, car on en a marre de cette ville ennuyante et la tête de bœuf entière que j'ai failli recevoir sur les pieds m'a un peu dégoûtée. Le reste de son corps dépecé sur un carton à l'arrière d'un taxi m'a convaincue.
De toute façon, 7 heures de route, comme la vendeuse de billets nous a dit, ce n'est pas la fin des haricots!
Il fait un peu froid dehors, nous sommes une trentaine à attendre. Une dizaine de touristes comme nous qui se dirigent à Tupiza ou vers la frontière de l'Argentine, et des locaux qui vont surtout à Atocha.
Les demi-heures passent, les gens s'impatientent. On demande sans arrêt à la responsable de l'agence dans combien de temps le bus arrive. Dans quelques minutes qu'elle nous répond sans cesse jusqu'à ce qu'elle disparaisse et qu'on ne la revoit plus.
Puis 8h00 arrive. Nous entendons le grondement d'un moteur, il est arrivé. Mais quel bus! On dirait qu'ils l'ont sorti d'une cour à scrap pour l'occasion.
La moitié des sièges sont mouillés parce que le toit est imbibé d'eau et dégoutte à l'intérieur par les joints, les fenêtres sont pleines de boue et le plancher de même. Ce n'est pas grave, on en a que pour quelques heures. Je m'assois donc sur un sac de plastique, en donne à l'Australien aux grands rastas et c'est parti.
La route est cahoteuse dans le désert que nous traversons. Après une heure à peine, le bus s'arrête. Il y a une rivière à franchir et les bagages dans la soute doivent être mis à l'abri sur le toit détrempé. L'opération se déroule avec succès, nous ne perdons que 30 minutes. 7 le chiffre chanceux.
Le temps de me refermer les yeux, car la nuit a été courte, que nous sommes encore immobilisés. Quoi, encore!
Il y a une deuxième rivière, cette fois beaucoup plus grosse, et nous devons attendre que son niveau baisse pour pouvoir passer. Bon, je reste zen. Nous sortons marcher dans les dunes de sable aux alentours. Le paysage désertique est assez joli.
Les heures défilent lentement. Les jeunes chauffeurs s'amusent à démonter le moteur, d'autres font la sieste en plein air pendant que des petites familles font un pique-nique. Tous semblent avoir prévu le coup sauf nous, touristes, qui mourront de faim.
Le temps s'écoule et l'eau se retire tranquillement. Il aura fallu 5 heures à cette damnée rivière pour nous laisser passer. Pas de panique, nous reprenons notre route lentement mais sûrement.
Quelques kilomètres plus loin, c'est l'heure de la pause, on s'arrête dans un petit pueblo pour 30 minutes. Quoi! On vient de faire 5 heures de pause. Je respire profondément! La patience est une vertu qu'il se faut de travailler.
Nous finissons par atteindre Atocha de peine et de misère au coucher du soleil. Tout le monde descend manger une bouchée rapidement, car nous n'avons pratiquement rien mangé de la journée. Ça fait du bien, les sourires reviennent. Nous remontons sans tarder dans le bus ayant tous hâte d'en finir avec ce trajet.
Encore une fois, on nous dit à maintes reprises que nous allons partir dans quelques minutes, de bien vouloir patienter. Les chauffeurs jouent dans le moteur histoire d'avoir l'air occupé. Ça y est, je perds patience.
Vers 21 heures, Will sort voir ce qu'il en est étant donné que j'ai un peu de difficulté à me contenir et voilà un moment que l'on n'entend plus rien à l'extérieur. Résultat, ils sont tous partis. Le chauffeur, le mécanicien et son assistant.
Sans dire un mot, ils ont disparu pour la nuit. Je commence à pester contre eux pour s'être sauvé comme des voleurs.
Nous nous installons tous pour la nuit tant bien que mal dans le bus tel des sans-abri. Il n'est pas possible de prendre un hôtel, car nous ne savons pas à quelle heure sera le départ demain. Nous essayons de nous endormir aux sons des fanfares de carnaval que j'aime tant.
4h30 le lendemain matin, le moteur démarre et c'est reparti. Direction Tupiza. Un dernier petit effort.
Ce trajet d'à peine 200 kilomètres aura finalement pris 30 heures! Nous étions jusqu'à présent habitués au retard dans les transports, mais là, ça bat tous les records.
Le positif dans cette histoire est que nous nous sommes bien rendus sains et saufs et aussi, que désormais les trajets nous sembleront bien plus courts. Nous aurons aussi rencontré un couple de Tchécoslovaques sympathiques de qui les informations seront utiles pour la prochaine étape du voyage...
- Nad qui en a perdu sa patience.

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