A la boite c'est de plus en plus de la folie, tout est urgent, que dis-je tout est super-urgent. Personne ne serait capable d'expliquer pourquoi c'est si urgent, d'ailleurs plus personne ne cherche à expliquer quoi que ce soit, nous n'avons plus le temps. Ici les grosses feignasses ne font QUE deux choses à la fois et on ne sait pas trop si tout le monde trouve cela normal ou si personne ne l'ouvre de peur de morfler ou passer pour un bras cassé. Personnellement j'opterais pour la seconde hypothèse. Vite, vite, prioritaire, urgent, sont les mots les plus entendus. Nous courrons dans tous les sens, les projets fusent de tous les côtés à la fois, boostés par la maison mère dont les nervis judicieusement implantés dans nos murs répercutent les mœurs et consignes. Ici quand on bosse on a l'impression d'être dans les couloirs du métro aux heures de pointe, tout le monde se hâte et vous entraîne dans le flot ou bien d'être sur le périphérique pris dans la circulation fluide mais qui vous pousse au cul à votre corps défendant.
Je n'accepte pas cet état de fait et j'ai décidé de freiner. Je fais mon boulot sans traîner mais je refuse d'en faire plus pour satisfaire toutes ces fameuses urgences. Le soir je pars à mon horaire habituel quelque soit l'urgence qui pourrait tomber. Je ne bosse pas pour le SAMU, il n'y a pas de mourants qui attendent mon intervention. Si encore nos affaires prospéraient proportionnellement à l'activité que nous déployons, je pourrais revoir ma position, mais c'est presque l'inverse ! Je n'ai plus l'âge pour jouer à ce jeu là mais je suis assez âgé pour savoir que ma santé et ma vie personnelle sont prioritaires sur toute autre considération. On se rappellera les dernières lignes écrites par Paul Morand dans L'Homme Pressé « L'homme pressé était arrivé au pied de l'éternité. Il hésita encore un instant devant la porte blanche. Allait-il entrer ? »