L’Oscar de la meilleure actrice décerné à Kate Winslet pour son rôle dans The Reader (Le liseur) nous avait moyennement convaincu (mais convaincu quand même). C’est donc la biographie de Harvey Milk que nous avons Publik’ment visionnée pour laquelle Sean Penn a reçu le fameux Oscar.
Harvey Milk est un film d’apparence très bien documenté. Il nous traduit à l’image l’histoire d’hommes ayant vécu leur trentaine pendant les années 70 aux Etats-Unis. Une époque à la fois très proche et très éloignée de la nôtre. Une époque en tout cas très bien transcrite à l’image, à l’aide d’images d’archives, de décors authentiques et de “costumes d’époques”. Des costumes mais pas seulement. Des acteurs aussi. Tous relookés de façon à ressembler le mieux possible aux personnes incarnées (nombreux sont les personnages entourant Harvey Milk ayant rééllement existés, dont certains sont encore en vie). Les visages (coupes de cheveux, lunettes ect…) sont particulièrement réussis.
La mise en scène est donc très méticuleuse et ne laisse rien au hasard. On se surprendrait même à penser regarder un documentaire (utilisation d’un vieux grain). Grâce à cette atmosphère réussie, le réalisateur parvient à toucher du doigt les moeurs de l’époque que le spectateur n’a aucun mal à comprendre tant l’immersion est totale. Un véritable saut (de puce) dans le temps à l’époque d’une génération qui savait se faire entendre.
Le scénario, dont on connaît tous la fin (ceux pour qui ça ne serait pas le cas peuvent se rassurer: ils le sauront dès les premières images d’archives du film), est très bien tourné. La sélection biographique est briante puisque l’on a bien l’illusion de ne rien avoir raté de la vie de Harvey Milk. Et le suspens est finement disséminé dans un film qui ne s’y prête pas a priori.
S’agissant de notre cher Sean Penn, il va falloir nous incliner. Le monsieur nous fait la leçon, une fois de plus. On sent une recherche jusque dans les moindres détails. Ceux qui ont fait la personne d’Harvey Milk. Une gestuelle unique, une façon de parler, de marcher, de bouger, si ce n’est de respirer qui ne ressemble à personne d’autre. On oublie totalement l’acteur qui a su s’effacer et se mettre dans la peau d’un autre. Il n’aura décidément pas volé son Oscar.
En dépit d’un suspens relativement bien saupoudré, le film peut paraître un peu long pour certains mais il n’en fut rien me concernant. Un film que vous apprécierez sans doute, et une prestation de Sean Penn qui vous restera longtemps en mémoire.
E.