Voici le communiqué reçu de Jean-Pierre Demerliat, Sénateur PS de la Haute-Vienne et ancien Premier Secrétaire Fédéral, au sujet des élections européennes et de la désignation des listes socialistes. Il revient bien entendu sur l'absence de Jean-Paul Denanot:
A PROPOS DES EUROPEENNES...
Les Socialistes élaborent actuellement leurs listes de candidats pour les élections européennes de juin prochain.
Comme d'habitude, cette opération s'effectue au grand jour et, comme d'habitude, on entend bien plus fort les mécontents que ceux qui sont satisfaits. Les premiers sont d'ailleurs beaucoup plus nombreux car il y a plus de candidats qui se croient indispensables que de sièges à pourvoir...
Les amitiés, les inimitiés, les jeux d'influence, les rapports de force s'exacerbent dans cette période et certains sont peut-être tentés de jouer, à cette occasion, les prolongations du Congrès de Reims.
Ces élections, bien que disputées dans des circonscriptions qui rassemblent chacune plusieurs régions, ne sont pas des élections locales mais constituent bien un scrutin national, un test politique de première grandeur, le premier depuis l'élection présidentielle, les cantonales et les municipales dépendant trop de paramètres locaux pour prétendre à ce titre.
Pour une élection nationale, les listes ne peuvent être constituées que par la direction nationale, avec bien évidemment, in fine, la sanction démocratique du vote militant. La proportionnelle, qui est notre règle depuis Epinay et qui induit l'existence de courants de pensée, ne permet pas une autre méthode.
Parmi les huit listes approuvées, massivement, par le Conseil national du 28 février dernier, deux au moins posent problème sur le terrain : celle de la région Auvergne-Centre-Limousin et celle de la région Sud-Est. Il a été mis à leur tête des sortants, Henri Weber et Vincent Peillon, tous deux « exfiltrés » de la région Nord-Ouest où ils n'avaient plus leur place, pour des raisons politiques locale et nationale.
A mon sens, ces deux camarades auraient dû refuser leur parachutage là où ils n'ont rien à faire mais peut-être sont-ils persuadés que l'Europe ne saurait survivre sans eux... Même si leur présence coûte des sièges au PS, ils vont être, eux, élus ! Ils ne seront d'ailleurs pas les premiers à préférer leurs intérêts personnels à ceux du Parti...
En cette circonstance, Martine Aubry a pour le moins manqué de diplomatie et a agi avec une certaine brutalité mais est-ce pire que de louvoyer et d'atermoyer à l'extrême ?
Chez nous, outre le parachutage d'un camarade tête de liste sans aucun lien avec la circonscription, une autre faute majeure consiste à ne pas avoir positionné sur la liste au moins un ou une Socialiste de chaque région.
Ainsi le Limousin n'a aucun candidat alors que Jean-Paul Denanot est sortant !
Cela est franchement inadmissible. L'amertume de Jean-Paul Denanot est légitime et compréhensible, même si, à mon sens, être à la tête d'un exécutif puissant est plus important que la jouissance d'un obscur mandat parlementaire.
Ceci-dit, tous ceux qui le soutiennent aujourd'hui ont-ils fait le maximum en temps utile et leurs motivations sont-elles des plus pures ? La Fédération de la Haute-Vienne est-elle encore audible ?
Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que je n'ai pas été le dernier à œuvrer, en 2004, pour que Jean-Paul soit placé en 4ème position, ce qui lui a permis de siéger, trop brièvement il est vrai.
Cette année encore aussi j'ai essayé d'agir, mais étant un peu en retrait, pour des raisons que j'ai déjà évoquées et aussi d'autres, peut-être plus importantes encore, que je dirai un jour, mon influence a certainement décru.
Quoi qu'il en soit, nous devons, jusqu'à la fin du processus d'élaboration, nous battre pour que le Limousin soit représenté et notre candidat le plus naturel est bien évidemment Jean-Paul Denanot.
Mais était-ce bien nécessaire et bien efficace pour atteindre ce but de s'acoquiner avec un grand féodal, dont on sait qu'il traite comme des chiens les Socialistes qui ne mettent pas strictement leurs pas dans les siens et qui a parmi ses adjoints un ami proche de l'actuel Président de la République ?
Si les Socialistes doivent à leurs électeurs et aux Français un fonctionnement transparent et démocratique, il leur faut aussi savoir que leurs problèmes internes ne sont pas la préoccupation principale de leur électorat potentiel qui, lui, se débat dans les affres de la crise.
Nos camarades ont l'obligation d'éviter de se donner en spectacle et de fournir des armes à leurs adversaires, à Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, en premier lieu, qui ne va pas tarder à se délecter du spectacle que nous offrons, si ce n'est pas déjà fait...
J.P.D.