La très féministe Kamizole a un peu honte de n’avoir rien fait le 8 mars… Journée internationale de la femme… Il fut une époque où, avec mes copines féministes – souventes fois organisatrices des festivités, du moins à Orléans - je me fus précipitée dans un cortège, souvent joyeux et coloré…
Je n’ai perdu aucune once de ma féroce alacrité critique d’hier mais l’âge – et surtout la santé ! – ont raison de mon enthousiasme de naguère. Lequel est aussi battu en brèche par le peu qu’il reste de notre combat ! En 36 ans, rien n’a évolué ou si peu.
Je n’ai pour autant aucunement l’intention de vous la jouer «ancienne combattante» ! Place aux jeunes…
Il me suffit de savoir que cette période du féminisme des années 70 fut magnifique, marrante et généreuse, riche d’engagements multiples et de la plus grande diversité… pour moi qui ne me suis jamais enfermée dans quelque coterie que ce soit mais ai plutôt navigué entre plusieurs groupes et tendances, au gré de mes seules sympathies pour les personnes et les idées.
Aujourd’hui, je serais bien en peine de choisir un cortège, un groupe ou un mouvement. Il me paraît tout aussi désolant de voir l’ordre dispersé des manifes-tations que naguère Antoinette Foulque (Psychanalyse et Politique) prétendre s’approprier le sigle MLF – propriété collective des femmes !
Signe évident que les divisions entre diverses tendances et mouvements de femmes ne datent pas d’aujourd’hui ! A cet égard, je ne peux que vous inviter à lire ce qu’en pense Olympe - forcément une référence à Olympe de Gouge, féministe révolutionnaire et auteur des “droits de la femme” - du blog «Plafond de Verre»…
J’y ajouterais «Madame Agnès» sur le toujours aussi excellent Monolecte qui s’insurge à bon droit du concours “Miss SDF” ! Enjeu : un an de maquillage gratuit… Bien entendu, «restaurer son image» quand on est exclu – et cela vaut aussi bien pour les malades hospitalisés, les prisonnier(e)s, etc – est très important.
Mais avoir un toit sur la tête et disposer d’un revenu fixe – relèverait-il de «assistance» tellement décriée par Nicolas Sarkozy ! fait partie des «droits de l’homme»… et de la femme ! tels qu’ils sont – constitutionnellement – reconnus par la déclaration des droits du Préambule de la Constitution de la Ive République. Et, si concours il doit y avoir, Kamizole s’alignera volontiers dans la catégorie « mémé craignos» !
Un exemple parmi tant d’autres que rien n’a évolué : la parité dans les entreprises ressemble trait pour trait à «l’Arlésienne» de Bizet : on ne l’y voit jamais !…
J’en veux pour preuve un récent article du Figaro : Les entreprises préfèrent les hommes. La légende de la photo qui l’accompagne est tout à fait explicite : “Par rapport au reste du monde, les femmes se font rares dans la direction des entreprises françaises, selon une étude du cabinet Grant Thornton”. De même que le sous-titre “Une Française sur trois estime avoir été victime de discrimination au travail, selon la Halde. Quant aux inégalités de salaire, le monde de l’entreprise est encore loin de respecter la loi.”
J’entendais ce matin sur France-Info célébrer les 50 ans de la Poupée Barbie… Je n’ai pu m’empêcher de penser au livre «Du côté des petites filles» essai sociologique publié en 1973 à Milan par la pédagogue féministe italienne Elena Gianini Belotti.
L’ouvrage fit bien évidemment et à bon droit fureur parmi les féministes de ma génération ! Grâce à une enquête de terrain menée dans les familles, les crèches et les écoles italiennes, elle mit en évidence la puissance des stéréotypes qui assignent des rôles différents aux filles – considérées comme inférieures - et aux garçons. Cela se traduisant notamment en matière de jeux et de jouets : les petites voitures au mec, les poupées aux nanas…
La poupée Barbie, c’est encore plus que cela : c’est l’image de la «femme modèle», forcément belle. De la beauté de «papier glacé» des journaux de mode… d’ailleurs un livre féministe de la même époque, écrit par Anne-Marie Dardigna et publié chez Maspéro en 1974 s’intitulait «Femmes femmes sur papier glacé», faisant le procès sans concession de cette image de la femme idéale brossé par les magazines féminins.
Bien sûr, je suis plutôt mauvaise juge car j’ai de tout temps préféré un «look» sportif ou tout simplement à l’aise dans mes basquets ou mes chausses de marche. De même que mes jeans ou autres pantalons auxquels je ne demande qu’une chose : avoir une bonne coupe pour ne pas ressembler à un sac à patates et être confortables.
Je n’entends imposer bien évidemment mes goûts à aucune femme. Je conçois parfaitement qu’elles puissent être coquettes, désirer se maquiller et s’habiller selon les critères des magazines de mode.
Ce que je reproche à ces stéréotypes que l’on tente d’inculquer aux petites filles - par le biais notamment de la Poupée Barbie - c’est qu’ils renvoient précisément à une image de la femme frivole, juste préoccupée de son look pour séduire les plus beaux mecs.
Car frivole, la femme s’abstiendra bien évidemment de faire des études poussées – surtout dans des domaines réputés masculins, qu’il s’agisse de «métiers d’hommes» ou dans les filières scientifiques où les femmes sont loin d’être majoritaires comme si – par nature – elles étaient incapables de «jouer dans la cour des mecs» !
Il y a déjà quelques temps, je signalais que des collectifs masculins revendiquaient les mêmes avantages que les femmes en matière de retraite, à savoir trois années supplémentaires de cotisation par enfant élevé… Ils s’appuyaient sur une discrimination à leur égard ! En avançant qu’ils participaient désormais autant que les femmes à l’éducation des enfants et partageaient les tâches ménagères…
Cela me semblait bien peu crédible pour la plus grande majorité d’entre eux. Non que je ne connusse dans mon entourage quelques hommes qui effectivement mettent beaucoup la main à la pâte.
Cela ne date pas d’aujourd’hui et j’ai le souvenir de mes jeunes années quand je travaillais à la DDASS du Loiret d’un collègue déjà âgé qui faisait presque tout chez lui car sa femme finissait de travailler beaucoup plus tard que lui le soir et n’avait pas nos deux heures de pause déjeuner. Je me souviens aussi que ses autres collègues masculins se fichaient de lui !…
Or, j’ai lu récemment – 5 février 2009 - sur le Figaro une enquête qui prouvait à l’évidence que ce fameux «partage des tâches» relevait pour l’essentiel du pur mensonge !
Le titre de l’article donne parfaitement le ton : Les hommes rechignent toujours à faire le ménage sans même parler du sous-titre ! «D’après un sondage mené dans quatre grands pays européens, 73% n’aiment pas ou refusent de repasser et 67% de laver les sanitaires. Ils sont toutefois 74% à déclarer sortir de bon cœur les poubelles»…
Sortir les poubelles !
Ben oui, quoi : c’est une petite goutte d’eau dans l’ensemble des tâches dévolues aux femmes, entre l’entretien courant de la maison et du linge, la préparation – quotidienne - des repas, la vaisselle, etc… auxquelles s’ajoutent bien évidemment tous les soins donnés aux enfants, du nourrisson à l’ado… L’aide aux devoirs, aller voir les enseignants, etc…
Tout ça, le plus souvent après une journée de travail à l’extérieur. Ce n’est pas pour rien que l’on a parlé de la «double journée de travail» accomplie par les femmes.
J’ai le souvenir d’une collègue qui disait avoir fort bien compris la méthode utilisée par son mari pour être déchargé des tâches qui lui déplaisaient : les effectuer le plus mal possible afin que sa femme – obligée de les reprendre derrière lui - trouvât plus facile de les accomplir directement elle-même !
Quant au contenu des tâches que ces messieurs répugnent à assumer, quelques chiffres extraits de l’article sont tout autant révélateurs : «73% des hommes interrogés confessent ainsi rechigner - voire refuser- de faire du repassage, et 67% de laver les sanitaires. Côté linge, là encore une grande majorité d’hommes rechignent à la tâche : 61% déclarent ainsi éviter de trier le linge, lancer une machine à laver ou encore changer les draps. Laver les sols ne les séduit pas non plus (59%)».
Outre les poubelles que 74% déclarent sortir de bon cœur, ils seraient 67% à faire les courses sans râler… 53 % admettent faire la vaisselle sans rechigner… La vraie vaisselle, les mains dans l’eau et récurer les plats qui ont attaché ? Ou simplement la nettoyer avant de l’enfourner dans le lave-vaisselle ?
Cuisiner ne déplairait pas à une majorité d’entre eux (56%)… Mais à mon avis, d’après un article du Monde (?) lu il y a déjà plusieurs années, en fait de cuisine ce sont plutôt les repas festifs et les plats compliqués qui ont leur préférence - pour inviter la famille ou les amis. Et toujours selon le même article, qui devait ensuite se coltiner la corvée du nettoyage de la cuisine et du lavage des plats et ustensiles ? leur femme, of course !
Dans la réalité le tableau serait encore plus noir… Les femmes confirment ce que disent les hommes pour les tâches ménagères bien acceptées mais tout autre son de cloche en ce qui concerne les occupations jugées les plus ingrates : 80 % rechignent ou refusent de repasser, 72 % évitent de nettoyer ou s’abstiennent de laver les sanitaires et 68 % bouderaient le panier à linge…
Bref, selon cette enquête, les femmes sont 73 % à déclarer qu’elle en on font plus que leur conjoint en matière de tâches domestiques et 59 % des hommes admettraient qu’ils devraient en faire plus. Quid donc de ceux qui pensent devoir ne rien changer ? Abstraction faite bien entendu des 20 % qui les partagent déjà sans problème.
Alors, messieurs les machos, avant de revendiquer un quelconque alignement des avantages en matière de retraite, commencez plutôt par effectivement partager les tâches ménagères !
Vos femmes vous en sauront gré.