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QUI ÊTES VOUS EGLANTINE ?
Eglantine Aubry aka Molokostar née de père connu dans le milieu (de la photographie), d’une mère télévisuelle, et d’une petite part encore visible sur mon visage d ex-URSS.
Je parle anglais avec un accent que personne n’a jamais réussi à réellement identifier (les anglais du nord le disant du sud et vice versa). Comme toutes les jeunes filles de paris- bastille 2009, je porte une frange, les ongles rouges, un casque sur les oreilles et je bois ma pinte de bière a la paille.J’ai passé ma plus tendre enfance rivée devant les Shadocks, le Roi et l Oiseau et le Magicien d’Oz , ce qui explique probablement mon perpétuel report de l’arrivée à l'âge adulte.J ai une passion pour le chiffre 4, la couleur rouge, Jean Rochefort, et les hallucinations nocturnes .
Ah oui
Je fais des images aussi
PARLEZ NOUS DE CETTE IMAGE, DE VOTRE TRAVAIL EN GENERAL ?
Dans mon travail, je me ressens comme un miroir, un miroir sympathique, un miroir qui renverrait de bons souvenirs; un reflet amélioré, souvent teinté de nostalgie.
Je reste extrêmement attachée aux albums de famille, aux images de vacances, de mon enfance ou des générations précédentes. Me revient par exemple (allez savoir pourquoi), une toute petite photo noir&blanc de mon père dans une carriole en bois, mon grand père se tient debout à ses cotés, l’air hilare.C'était la guerre, c'était l’ horreur, le grand père a été déporté quelques années après, mon père a aujourd’hui 70 ans, mais cette photo reste là, et se charge petit à petit d’un sens qu’on aurait jamais soupçonné dans les années 40.
Voilà ce que je fais, ou en tout cas essaye de faire, traquer la naïveté dans ses derniers retranchements.
Les autoportraits partent de là. De ces souvenirs d’enfance, d’ailleurs la plupart d’entre eux sont réalisés sur “mon île”, Noirmoutier, où, comme chacun sait, poussèrent toutes les gaufres au sucre glace du monde dans les années 80. Cette facette de mon travail s’est imposée il y a deux ans, suite a la perte d' un être cher, photographe de talent, grand enfant devant l’éternel, Sébastien Mazière (www.sebastienmaziere.com).
L image que je vous propose lui est justement dédiée.
Ensuite, il y a mon goût pour la musique, depuis quelques années plutôt indépendante et souvent lo-fi. La musique comme lien surtout, comme unité de temps et de lieu, les concerts, les discussions interminables, les open mics, ...
La “familiarité” si on peut dire.
J ai découvert là un refuge inespéré, une sorte de grande fête sur un radeau au milieu de nulle part. Je crois bien que pour rien au monde je ne descendrais de là.
Je crois bien que je ne serais pas la première à faire demi tour au moindre signe de terre d'ailleurs, l’important c’est le voyage, pas la destination.
(mon dieu quel ramassis interminable de clichés , vous avez le droit de sauter des paragraphes , je ne vous en tiendrais pas rigueur)
POURQUOI AVOIR CHOISI CE SON ?
Ca s'est fait tout seul , lorsqu' après avoir lu son excellent essai sur Daniel Johnston
(http://www.rosab.net/ , à J comme Johnston) j’ai décidé de réécouter le premier album de Willfried* (“Songs for mum & dad”) dans la rue, en marchant, comme tout doit s'écouter.
C est difficile d’écrire sur les gens auxquels on tient, surtout lorsqu’ils sont d’une complexité et d une franchise telle mais je vais essayer.
Il y a chez Willfried* une sensibilité presque photographique, une écriture de l’ombre, une dualité assumée qui me fascinent. Une simplicité désarmante aussi.
Je me disais en l’écoutant l’autre jour que certains de ses sons me faisaient l'effet du brouhaha d une cour de récréation la nuit.
Et tout ça colle bien, en tout cas dans mon esprit, aux images que je produis.
J’ai choisi précisément cette chanson, au risque de vous décevoir, tout simplement parce qu’elle me touche.
VOS PROJETS ?
Me trotte dans la tête l’idée de réunir quelques séries et d’en faire un livre.
Pour l'instant le coté exposition ne me tente que très peu. Peur d'opposer un lieu à des images si personnelles, peur qu’en les y pendant elles ne s'étouffent.
Je les veux transportables, proches , olfactives ; je veux qu on puisse s y réfugier n’importe où ... des amies imaginaires en quelque sorte.
Eglantine Molokostar, 9mars 2009
www.molokostarphotography.com