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Le cinéma de Robert!

Par Theclelescinqt

Le cinéma de Robert!


Découvrez Alien!

Hier soir, le lecteur DVD a planté. C'est donc la Révolution depuis hier soir.

Evidemment, c'est de ma faute. J'ai sûrement dû laisser les gamins, pour s'amuser un peu, taper sur le lecteur qui a sept ans, soit dit en passant, pour être tranquille pendant mes séances d'épilation.

Sauf que je ne pratique pas ce sport, et que, malgré les nombreuses bêtises de mes morpions, non, je ne suis pas assez folle pour les laisser détruire ma baby-sitter préférée, surtout qu'elle n'est pas trop chère, celle-là.

Et puis surtout, ce gentil lecteur s'occupe aussi de mon petit mari, pendant que je vaque à mes nombreuses occupations ménagères ou bloggesques, parce que c'est un fondu de cinéma d'action américain, ce que je lui laisse sans aucun regret.

Le cinéma américain est pour Robert ce que les trains sont aux vaches : un délassement et une distraction de chaque jour. Quand je le vois remettre pour la cinquantième fois une de ces merdes sans nom dont le bizniss américain nous inonde depuis 50 ans, après le travail, et ce sans me demander mon avis, je soupçonne même cet amour du septième art sujet à caution pouvoir être aisément remplacé par une jolie machine à laver à hublot de remplissage avant : mon cher amour est crevé, il a donné tout ce qu'il avait à cette charmante entreprise qui nous fait tous vivre, il a trop parlé à des gens pas assez intéressants, ce qui le dispense de conversation avec sa compréhensive moitié, il a besoin de se vider la tête, rien de tel que du linge de couleur en train de tourner pendant une heure. Je vais le lui proposer ce soir, tiens, puisqu'alors que ma répudiation  pour cause de lecteur de DVD cassé sans raison apparente était proche, plusieurs coups de fil ce matin "pour que je lui demande pardon" me laissent à penser que finalement il est revenu sur sa décision (pas folle la guêpe, car qui va garder les enfants?)

Mords ta langue, Robert Lescinqt, et ne crois pas un seul instant que je vais te laisser mon ordinateur ce soir pour continuer tes révisions hollywoodiennes.

Et, bien que je n'y sois pour rien, parole d'honneur, car, comme le dit si bien mon mari lorsqu'il émerge dans le monde réel, "rien n'est jamais de ma faute", j'aimerais pouvoir penser que cette situation va perdurer et que mon cher époux ne va pas savoir où aller se racheter un lecteur de DVD, dans cet environnement nouveau où nous résidons depuis bientôt un an. Normalement il ne devrait pas savoir, puisqu'il ne sait ni où sont l'école, ni le centre de loisirs, ni Monoprix, ni le pressing, ni la Poste, ni son tiroir de caleçons. Je devrais bien m'en tirer et couler des jours paisibles avec mes lectures sans l'ombre d'un bruit dans l'appartement, voire le luxe de pouvoir me passer des CD après ma journée de travail. Car, même si ça vous semble incroyable, les mères au foyer aussi ont une journée de travail, et aimeraient bien pouvoir se délasser tranquillement devant les produits culturels de leur choix.

J'ai aussi une très bonne raison de laisser Robert faire son cinéma en riant intérieurement, voire en me fichant carrément de son malheur, c'est qu'avec ses films à la con il est juste en train de me pourrir les gosses. Monsieur joue parfois aux échecs avec eux, voire aux cartes; il doit regarder leurs devoirs tous les six mois, et leur lire une histoire tous les deux ans. Par contre on ne peut lui reprocher de ne pas les avoir initiés au monde du septième art. Si ça continue, je vais avoir ma famille Balwin, ou bien Phénix, au choix, sans oublier un Jean-Jacques Annaud au milieu, et un critique de cinéma pour finir. Et que du premier choix, hein! A cinq ans, le film préféré de mon aîné était Robocop,  à six, Les dents de la mer, à sept Alien.

Vous pourriez croire qu'ils se la jouent durs à cuir et pétochent gravement dans leurs lits superposés. Pas du tout. Devant Les Dents de la mer, ils sont morts de rire et bouffent des pizzas, Robocop, c'est  pour aller au lit en douceur, Underworld c'est de la petite bière (Et Le monde de Narnia, du pipi de chat). J'ai beaucoup lutté pour Alien. Je ne sais pas pourquoi, je ne voulais pas qu'ils le voient avant, mettons, quatorze ans. Avouez que j'étais cruche. Un soir, alors que j'étais vraiment fatiguée, j'ai déclaré à mon cher époux qu'il allait devoir faire un effort surhumain et coacher lui-même les enfants en soirée. Je sais, ce n'est pas humain de demander ça à un pauvre cadre sup qui ne sait même pas où sont les couches.

Sur ma tête.

Enfin bref j'allai me coucher, et ne trouvai pas le sommeil. Une demi-heure après j'étais dans la pièce.

"Et qu'est-ce que tu fous là, toi?" me fit élégamment mon mari.

Comme à mon accoutumée, j'explosai derechef pour exprimer vertement ma légitimité à aller où bon me semblait dans ce cette cage à lapins de location logement, même non munie d'une serpillère, quand il m'apparut que ces quatre mecs de 4 à 44 ans vissés sur le canapé devaient bien cacher quelque chose. Mon mari est un toqué de filmalacons, d'accord, mais en général il est quand même content de me voir, et pas seulement parce que j'ai des airs d'une Ingrid Bergman qui aurait un peu laissé tomber son régime les dix dernières années.

Je me penchai et sur l'écran, bien sûr, il y avait Alien.

J'ai laissé faire, en déclarant bien que je n'avais pas l'intention de me lever la nuit pendant trois semaines pour éponger les cauchemars de ces futurs délinquants.

Il n'y a pas eu de cauchemars. Ca ne leur a rien fait.

C'est comme lorsqu'il y a cinq ans, je refusais qu'ils voient India Jones et la dernière croisade, avant que mon fils aîné, haut comme trois pommes et un beignet ne me coupe la parole : "Ne t'en fais pas maman, il boit à la coupe, il devient un squelette, et après c'est fini."

Il l'avait déjà vu, bordel.

Et voyez ce qu'il me fait à présent comme dessin, à huit ans et demi, avant d'avoir regardé Dracula avec son père et le reste de la clique samedi soir :

Les_vampires_d_Eudes_mars_09

Alors, c'est grave docteur?

Une chose est sûre, ce soir je planque le GPS pour que mon mari ne trouve pas le Carrefour du coin; grâce au Ciel le Leclerc de Verte-Ville se couche avec les poules, en tout cas avant que les cadres sup ne sortent de leurs trous, affamés de cinéma merdique et très lucratif (mais pas pour nous), et ce soir je passe une bonne soirée bien tranquille sans bande son non sollicitée par mes soins.

Et si vraiment il ne veut pas se calmer, je me fais un restau avec les copines partantes, en laissant tout en plan.

Après tout, je ne l'ai pas vraiment encore eue, ma Journée de la Femme 2009 (et je n'ai pas l'intention de m'en passer...)

Le cinéma de Robert!
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