Au moment oùl'assemblée nationale s'apprête à débattre du projet de loi Création & Internet, l'UMP se fait épingler pour non-respect du droit d'auteur sur l'utilisation du tube de MGMT,Kids. Bouh, les vilains pirates!
Le morceau Kids a illustré le conseil National de l'UMP le 24 janvier ainsi que le premier déplacement du nouveau secrétaire général, Xavier Bertrand, le 25 janvier. Il a également été utilisé dans deux vidéos sur le site de l'UMP. Selon l'avocate spécialisée dans la propriété intellectuelle Isabelle Wekstein*, MGMT aurait été très surpris de découvrir ces vidéos... et ne pas avoir été consultés. Xavier Bertrand, après l'accusation portée par Maitre Wekstein, a réagi en justifiant que toute musique utilisée lors des meetings du parti l'était en payant des droits à la SACEM donc dans un cadre légal. " L'UMP est très attaché au respect des droits d'auteur. Et la protection des œuvres des artistes est quelque chose de primordial... Nous sommes en train de regarder pour qu'il y ait une juste indemnisation du groupe", a-t-il dit.
Cette juste indemnisation : 1 euro symbolique... une offre un peu basse, non? Elle n'émanerait pas de l'UMP mais d'un groupe de communication affilié. Pour l'avocate, il y a confusion entre les droits d'auteur, réglés à la SACEM, et le droit moral, celui de demander l'autorisation à un auteur le droit d'utiliser son œuvre. Que l'UMP se fasse épingler au moment où il se prépare à soutenir le projet de loi du gouvernement visant à réprimer le piratage des œuvres sur Internet est un mauvais hasard, une publicité dont le parti se serait bien passé. Si l'on souhaite faire la chasse à l'internaute, il serait bien vu d'être soit même respectueux du droit des artistes et de ne pas utiliser les mêmes procédés. Car ce qui fâche dans l'histoire, ce sont les deux vidéos publiés (puis retirés) sur Dailymotion.Cette affaire a eu des précédents, dont les plus célébres sont l'utilisation abusive de Born in the USA de Springsteen, transformé en hymne national par Reagan en 1984, ou encore celle du One more time de Daft Punk par Jacques Chirac (UMP) en 2002. Elle permet également de mettre en lumière la difficulté de maîtriser le piratage sur Internet. Le gouvernement part sur des mesures très répressives (suspensions d'abonnement) et la création d'une Haute Autorité que pourront saisir les ayants droit sur le constat de téléchargements illicites de leurs œuvres. Mais pour beaucoup, la meilleure solution reste d'élargir l'offre légale, de la rendre plus accessible et de proposer des contenus récents (films par exemple) plus rapidement.
L'état, lui, va plutôt dans le sens du flicage des internautes.... Et M. Copé de renchérir : " Le pillage par internet est un fléau qui fait mourir la création française". Ah, et la création internationale, elle compte pour du beurre?
* Les inrocks n°692,
l'UMP pirate MGMT,Alex Ferenczi, p10