De son propre aveu, «
chaque mot est une tache inutile entre le néant et le silence », aussi pourrions-nous nous contenter de dire que 15.000 lettres de
Samuel Beckett ont fait leur apparition, issues d'archives et de fonds privés. Et que Cambridge University Press va en publier une partie, en autre volume, dont le premier est déjà sorti. Sauf que l'écrivain le plus discret et renfermé du XXe siècle mérite plus de considération.
Dans cette correspondance, on découvre un homme à l'humour mordant, parfois scatologique, mais, ce qui étonnera le plus le lecteur, c'est cette affection manifeste et sans réserve qui s'exprime. Envoyées depuis Paris, Dublin,
Londres ou Dresde, les lettres se destinent à tous, familles, auteurs, amis, etc. Et leur publication n'aura pas été une mince affaire.
Outre qu'elles sont rédigées en français, allemand ou anglais, elles comportent des néologismes ou des jeux de mots multilingues intraduisibles ou peu s'en faut.
Quatre ans avant sa mort, l'auteur autorisa leur publication, mais il demanda aussi aux éditeurs qu'il ne soit fait aucun commentaire. Pas de notes, donc, mais un contexte, pour permettre de mieux percevoir l'ensemble dans lequel s'inscrit la correspondance. Cette contextualisation est parfois brève et un peu aride, mais les textes sont eux-mêmes assez âpres.
On découvrira ainsi tous les tracas de santé éprouvés par Beckett, depuis ses palpitations cardiaques à ses humeurs sinistres. Nous tenterons de savoir dans la journée quel éditeur français pourrait être intéressé par l'achat des droits.