La Grande Guerre du Soldat Guichard, itinéraire peu commun d'un poilu

Par Sandy458



En 2000, par devoir de mémoire envers cette page insensée de l'Histoire, bien sûr, mais aussi par envie d'honorer l'homme qu'était son grand-père et tous ces anonymes ayant vécus les mêmes horreurs, Eliette Guichard-Dahl publie les carnets de route d'Henri Guichard, jeune soldat lors de la Grande Guerre.

Le 7 Janvier 1916, Henri Guichard (1897 - 1982) rejoint les rangs du 111éme régiment d'infanterie.
C'est le début d'un itinéraire peu commun qui durera près de 4 années.

En 1916, Henri Guichard est un jeune homme comme tant d'autres.

Il a à peine 18 ans, il est issu d'une honnête et modeste famille paysanne de la Drôme qui voit partir ses jeunes pour la boucherie.

Le jeune soldat vit plusieurs périodes dans les tranchées près de Verdun, dans le Trentin en Italie puis dans la Somme.

Il connaît des attaques en Moselle et dans l'Aisne où il est blessé par un éclat d'obus.

Lors de la signature de l'Armistice, il se trouve en Alsace puis il est envoyé en Roumanie et en Bulgarie pour intégrer les rangs de l'armée d'Orient.

Il ne retrouve sa famille et la vie civile qu'en septembre 1919.

Pendant ces 4 années passées sur les routes et les champs de bataille, il note avec un crayon sur un bout de papier, sa vie quotidienne éprouvante, les batailles, les tranchées, les longues marches par tous les temps,  les noms des villes traversées lors d'innombrables transports en chemin de fer, ce qu'il constate avec ses yeux de jeune homme, le contact avec les populations, les événements parfois tragiques qu'il vit de l'intérieur, les noms des camarades côtoyés et dont un grand nombre ne survivront pas, les paysages magnifiques ou dévastés... mais aussi,  l'espoir de rejoindre sa vie, là-bas et une certaine Alice.

D'après ces notes prises sur le vif, sur le terrain, il remplit ses carnets de route, lors des moments d'accalmie, pour laisser un témoignage de cette vie en sursis mais aussi pour soulager son esprit.

C'est une œuvre simple, dont l'écriture n'est pas littéraire mais qui exhale l'incomparable parfum de l'authenticité. Ses imperfections la rendent terriblement humaine, Eliette Guichard-Dahl ayant décidée de n'apporter que quelques corrections d'orthographe ou des précisions sur les lieux et les dates.

Revenu de cette période sanglante, Henri Guichard devient un militant pacifiste, un écologiste convaincu, un homme profondément humaniste qui ressent dans sa chair le coût inestimable de la vie humaine.

Dans la postface de l'ouvrage, Eliette Guichard-Dahl a cette phrase réaliste, que je cite : tu fais tienne la pensée d'Anatole France « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ».

Terrible. ..

...car (trop) vrai.

"La Grande Guerre du Soldat Guichard. Itinéraire peu commun d'un poilu, carnets de route 1916-1919." D'Eliette Guichard-Dahl d'après Henri Guichard
Paru en 2000, éditeur Presses de Valmy.
246 pages, 17 euros.

Pour aller plus loin et vous permettre d'avoir une autre vision sur cette période de l'histoire, je vous propose de consulter le site de Pat de Bigorre, notamment les pages suivantes...

La nouvelle « Mort pour la France ! » : ici

Les  carnets de route de Jean-Marie Fort : là