Elle lisait,
mais elle avait l'air disponible quand même. Accessible. Peut-être c'était à cause de son métier, qu'elle m'a dit plus tard. En tout cas j'ai osé la déranger par dessus son journal.
"J'ai des sparadraps partout sur les ongles, parce que j'ai voulu en mettre des faux, et par en dessous ça a mangé les vrais. Ils sont tout rognés, ça fait mal. Ne faites jamais ça."
Je demande si les faux étaient longs. Non, ils n'était pas longs, juste bien.
"Mais vous comprenez au bout d'un moment la colle tient moins bien, donc on sent le postiche qui se détache un peu, avec les autres doigts on joue avec, et au bout d'un moment ça fait ça,
l'ongle, le vrai, est abimé."
Je demande aussi pourquoi elle a cette sorte de bandage au poignet gauche.
"C'est à cause de la caisse. Je suis vendeuse, on nous a demandé de tenir la caisse en même temps. Les jeunes, elles font les bons mouvements, elles se servent de tous leurs doigts. Mais nous,
on a tendance à se servir toujours des mêmes doigts, deux seulement. Alors on fait des écarts pas possibles pour atteindre les touches, et après ça fait mal. Mais ce n'est pas reconnu
comme maladie professionnelle".