C'est d'autant plus dommage que le début est extrêmement brillant : en une scène, Tykwer plante le décor et nous installe dans un film d'espionnage inquiet, moderne et déprimant, sublimé par une mise en scène au couteau. L'ensemble rappelle le récent (et excellent) Espion(s) par son refus du sensationnel. Clive Owen est au meilleur de sa forme dans une prestation rappelant celle des Fils de l'homme, les deux personnages étant animés par des valeurs pas si éloignées. Mettant en place une intrigue sinueuse créant au départ une perte de repères assez grisante, L'enquête finit par révéler sa véritable nature : sous le polar se cache un film à charge contre les institutions bancaires, le capitalisme, et la façon dont les financiers nourrissent la crise pour en faire un fond de commerce. De quoi mettre le moral à zéro, l'ensemble étant rendu très crédible par un traitement rappelant par endroits Les hommes du président ou les films de Sidney Lumet.
Longtemps, on admire l'évolution des personnages, le refus du passage obligé, l'admirable profil bas d'une Naomi Watts finalement peu présente à l'écran (elle apparaît et disparaît régulièrement, de façon fort compréhensible). On prend un cours d'économie express et une belle leçon de cinéma. Puis patatras, on débarque au Guggenheim, et c'est le début de la fin. Une fois sorti du musée, le film tangue, titube, comme rendu sourd par autant de coups de feu. Et s'il reprend le cours de son propos, il ne retrouvera jamais l'intensité du début, malgré la réflexion finale sur le sacrifice et l'intérêt de faire tomber les grands de ce monde. Un peu ratée, la dernière scène entre Clive Owen et Ulrich Thomsen n'arrange rien : bien que très classe, souvent haletant et regorgeant informations passionnantes, L'enquête ne dépassera finalement pas le stade du bon divertissement stylé. Regrets éternels.
7/10