Au centre Pompidou, c'est toujours luxe, calme et volupté. La salle est belle, décors et costumes toujours soignés, la programmation superbe, exigeante et
éclectique, et les générales commencent à l'heure. Il faut y aller !
Myriam Gourfink, les Temps tiraillés (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
Je ne connaissais pas encore le travail de Myriam Gourfink. A première vue, en me fondant sur quelques photos et les réminiscences de quelque article,
j'imagine que Les Temps tiraillés sont la suite immédiate du Corbeau. Même danse du geste lent, même
apprêt de la danseuse scrupuleusement vêtue et coiffée, même inspiration orientale, yogique.
Myriam Gourfink, les Temps tiraillés
(cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
7 danseuses sur scène, un chiffre sacré pour une ambiance cosmographique, la terre, les hommes, des étoiles matérialisées par des écrans vidéo pendus au ciel. Trois musiciens, un basson deux altos,
forment un souffle rauque qui nous aspire (musique de Georg Friedrich Haas, merci l'Ircam !). Cela s'étire alors en une longue respiration, poumon, comme
l'univers dans ses phases supposées d'expansion et de contraction, déterminant frises, fils, magmas, toutes ces femmes pleinement belles, parées comme danseuses sacrées, prêtresses, d'étoffe
ajustée couleur crocus aux rais safran, de coiffures uniques et sophistiquées (Cindy van Acker méconnaissable), sans bijoux toutefois, oranges sur fond noir comme des figures de vases attiques, sereinement écartelées, parfois roulées à terre comme des scarabées feignant la mort, mais le plus souvent tête en
l'air, regard étrangement ailleurs, non pas tourné vers leur créateur mais vers ces écrans haut perchés, de fait chorégraphié. Exercices de muscles et de concentration, tenir la pose, la défaire
insensiblement pour amorcer la suivante. De son ordinateur, Myriam Gourfink dicte tout, mais parfois elles ferment les yeux.
Myriam Gourfink, les Temps tiraillés (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
J'entrevois des figures d'Annonciation, d'ange combattant Jacob, de noble taureau. Ces déliés de doigts et de membres sont indo-européens.
Et soudain, dans cette congrégation d'isolats, une connexion charnelle s'opère, la matière aime furtivement d'une morsure tendre.
Myriam Gourfink, les Temps tiraillés (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
Beau.
♥♥♥♥♥♥ Les Temps tiraillés,
de Myriam Gourfink, a été donné au centre Pompidou du 21 au 24 janvier 2009.
Retrouvez ici Les Temps tiraillés en images