Commix est un duo Drum'n'bass britannique composé de George Levings (ayant fait du piano, du saxophone et de la flûte, puis arrivé à l'électro par le Hip Hop) et Guy Brewer (passé des Smith à Dr. Dre, puis initié à la Drum'n'bass par l'ami de son frère aîné) originaire de Cambridge, dont ils furent, après Nu:Tone et Logistics, les derniers à être connus du public. En 2007, après des débuts Funk, Soul ou Disco, ils sortent un premier album « Call In Mind », sorti sur le label « Metalheadz », aux influences techno et minimal, plutôt en réaction contre la scène Drum'n'bass qu'ils trouvaient déprimante, mais cela les amena à repousser les limites du genre. Ils continuèrent de travailler sur ce répertoire avec les remix de « Re-Call To Mind » par Photek, Reprazent (procédé utilisé aujourd'hui même par la musique traditionnelle, comme le groupe « Warsaw Village Band » intercalant entre « Uprooting » et leur dernier album « Infinity » les remix d' « Upmixing », une façon de retravailler le matériel enregistré en studio avec des DJ qui montre la part grandissante qu'ils prennent dans la musique même non-électronique et promet de futures collaborations intéressantes), et viennent de sortir cette compilation « Fabric Live 44 : Commix ».
Il est vrai que dès leur « Life We Live » de chants d'oiseaux électro et de rires enfantins avant le battement D&B; et la belle mélodie du clavier en nappes, on ne peut qu'apprécier leur approche de la Drum'n'bass comme un tout, puis les enchainements qui passent, coulent d'un titre à l'autre en fondus enchainés d'ambiances inquiétantes ou rêveuses sur un élément rythmique, mélodique ou vocal qui fait joint. On passe ainsi en glissant sans heurt les cinq premières plages avec une utilisation d'une voix à la « Cinematic Orchestra » dans « Sometime Sad Day » de Rufige Crew, d'une pièce à un tunnel ouvrant la porte d'un dub rebondissant dans « The Causeway » de Data.
L'intérêt tant rythmique que mélodique est maintenu d'un bout à l'autre, ce qui est la preuve d'un talent mélodique dépassant la sphère électronique. On imagine bien après la grotte aux diamants sonores de leur « Justified » le rai de lumière sous le sarcophage ou les catacombes dans « Buried », puis une bonne voix chante « Can't Get Over You » de Calibre sur des architectures de cordes synthétiques intéressantes, rencontre la voix de Kemo dans « Dangerous » de Lynx & Alix Perez. Suit un autre Commix, « Belleview » (d'après Belle-Reviewed de D Bridge) pour Metalheadz, avec un bon ping pong sonore se détachant sur un fond plus inquiétant.
« Suppresion » de Spectrasoul et Ben E supprime de manière plus abstraite des lignes et jusqu'aux voix qui apparaissent/disparaissent, puis la voix se fait plus obsédante, orientale sur « In Denial » de Calibre se réverbérant sur un d'échos stellaires. Commix revient sur un habile et léger changement de Beat avec « Hospital », avec un chevauchement de deux voix, la balle de ping pong revient sur la voix avec « No Sunrise » d'OAK.
A partir de « Common Origin » de Johnny L, le disque se termine sur un final magnifique et apaisant où un piano stellaire croise un banc de sirènes écolières spatiales dans « Old School Ting » de Breakage et leur maîtresse rythmant le tempo, qui mute en informatrice dans « No Future » d'Instra:mental égrenant les maux de l'argent et du crime prédisant « No Future » à London, plus nihiliste par son abstraction que celui des punks. Le clavier se fait Reggae avec « Yendi » de Photek, et le disque se termine en toute beauté avec « Photograph » d'Instra:mental, cathédrale sonore où l'on trouve une basse résonnante sur un clavier électrisé, avec une beauté naturelle, originelle de la construction à la Edgar Froese, des samples ralentis, comme apaisés défilent comme des payasages en travelling de façon maritime aux lueurs volcaniques, mêlant voix d'enfants, clavier et rythme léger. Un disque très intéressant.