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L’ONU est en retard, comme d’habitude…

Publié le 08 mars 2009 par Hugo Jolly

(Le président soudanais Omar el-Béchir brandissant sa canne devant ses portraits lors d’une “manif” organisée par son gouvernement obscurantiste)

Ainsi donc, quatre ans plus tard dans les maritimes, l’ONU, à travers la Cours Pénale Internationale (CPI), a décidé de se secouer le derrière par rapport à la situation insoutenable qui prévaut au Darfour. Comment? Simplement en lançant un mandat d’arrêt international contre le dictateur soudanais, Omar el-Béchir, pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Cela aurait constitué une bonne nouvelle… si seulement ils n’avaient pas attendu que la situation se calme pour faire quelque chose! Je ne suis pas un expert sur ce conflit qui manque cruellement de couverture médiatique, mais je sais que le conflit du Darfour a commencé officiellement en 2003, qu’il a fait plus de 300 000 morts et que la situation ces dernières semaines n’a pas été aussi “calme” depuis bien longtemps (avant le début du conflit en fait). Comme de fait, alors que la situation était insoutenable, que des civils se faisaient massacrer par les paramilitaires soutenus par l’armée soudanaise, que l’Union Africaine (UA) était fort critique à l’endroit du gouvernement soudanais et que le Soudan faisait fréquemment les manchettes pour les crimes sordides qui s’y déroulaient, l’ONU n’a rien fait. Maintenant que la situation semble s’être calmée, que les négociations de paix vont bon train et que le Soudan a retrouvé l’appui de l’UA, la CPI met son poing sur la table et donne un bon coup de pied dans le nid de guêpes. Suis-je le seul à trouver cette situation affreusement hypocrite? Je ne pense pas. Voici ce qui cloche selon moi:

Premièrement, où diable était l’ONU quand la population du Darfour avait vraiment besoin d’elle? Oh! C’est vrai: Le fameux droit de veto… certains me diront que l’ONU était bien là, à travers ses nombreux camps de réfugiés, pour aider la population dans le besoin, mais je répondrai que l’ONU est également présente à Gaza et au Liban, et que même si elle s’y fait bombarder, l’organisation désorganisée reste inactive. “Mieux vaut tard que jamais”? Sans doute, je suis d’accord, mais je crois fermement que tant qu’à se tourner les pouces pendant quatre ans, ils aurait bien pu attendre la fin des négociations de paix…

Deuxièmement, quelle est la portée réelle de ce geste? La réalité est que cette action est non seulement extrêmement en retard, mais également quasi insignifiante. Ce n’est pas que je fasse un appel aux sanctions économiques (qui ne feraient, une fois de plus, que punir le peuple inutilement et cruellement) ou à une invasion militaire pour la seule tête de cet enfoiré (le prétexte idéal pour une nation impérialiste, peu importe de laquelle il s’agit), loin de là, mais ce genre de condamnation hautement symbolique n’a tout simplement pas sa place au beau milieu de négociations de paix. La solution responsable serait de calmer le jeu jusqu’à la conclusion d’un accord de paix, puis d’aller le “cueillir” lors d’un voyage à l’étranger. De toute façon, aucune puissance impérialiste n’ira s’embourber dans une autre guerre impliquant de multiples tribus aux traditions guerrières, les USA en ayant plein les bras contre leur “monstre de laboratoire” en Afghanistan et la Chine contrôlant déjà la majeure partie de l’industrie d’exploitation des ressources premières dans ce pays déchiré qu’est le Soudan. Les actions des impérialistes sont toujours liées à leur soif de monopole sur les ressources naturelles du pays ciblé, jamais à la démocratie.

Troisièmement, parions que la CPI ne continuera pas sur sa lancée. Le premier mandat d’arrêt de l’histoire lancé contre un dirigeant despotique présentement au pouvoir n’aura probablement pas de suite, les puissances impérialistes préférant toutes protéger leurs despots locaux, en particulier dans le cas des USA. En attendant qu’un tel mandat soit lancé contre les dirigeants criminels sionistes, géorgiens, colombiens, tunisiens, turques, Sri Lankais, kosovars, turkmens ou pantins russes tchétchènes (entre autres), ou contre les dirigeants immoraux du complexe militaro-industriel, cette actions isolée ne sera jamais prise au sérieux par les criminels de guerre et les marchands de mort de cette planète…

D’ici là, espérons que le dictateur soudanais tiendra sa “parole” et qu’il ne se vengera pas contre le peuple meurtri du Darfour comme le font les criminels de guerre sionistes contre une autre population sans défense, soit le peuple de Palestine. La quête pour la justice est parfaitement légitime, mais encore faut-il qu’elle possède une réelle portée. Les autres peuples oppressés de la terre attendront des suites à cette action symbolique.

Non au favoritisme des criminels de guerre sur d’autres!

Un criminel de guerre est un criminel de guerre, et une victime est une victime, peu importe la nationalité de ces deux catégories! Justice pour tous!


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