Le barrage des Trois-Gorges, en Chine, ne finit décidément pas de faire parler de lui. Passons sur le projet pharaonique en lui-même et sa réalisation, particulièrement désastreuse d’un point de vue humain, notamment avec ces populations des vallées déplacées en altitude, là où elles ne peuvent poursuivre leurs activités agricoles. Passons aussi sur ces fissures qui ont été constatées sur le barrage lui-même alors que la mise en eau était en cours, passons enfin sur l’aspect hautement discutable de ce type d’ouvrage d’un point de vue environnemental (cela dit, il faut bien faire du courant d’une manière ou d’une autre). Très accessoirement, je ne peux m’empêcher de penser à cet autre barrage chinois, dans le Sichuan, qui pourrait être responsable du séisme qui a secoué la région en mai 2008, selon ce que rapportait Le Monde le mois dernier.
Le barrage des Trois-Gorges pourrait bien, à terme, disparaître purement et simplement, ou du moins devenir inutilisable. Certes, pas en trente seconde dans un grand nuage de poussière, mais petit à petit. En effet, le gigantesque édifice s’envase, lentement mais sûrement. Une publication du ministère français des Affaires étrangères s’y intéresse de près : le barrage modifie la circulation des sédiments, qui s’accumulent dans des zones où jusque là il y en avait peu (en amont du barrage, où leur quantité augmente notamment en raison de l’usure des sols), et qui disparaissent des zones où il était normal d’en trouver (en aval du barrage, ces sédiments étaient même utilisés comme fertilisants agrisoles, et sont aujourd’hui remplacés par des intrants dommageables pour les sols, la santé humaine et le porte-monnaie du paysan). Les sédiments s’entassent donc contre le barrage du côté du lac de rétention.
Quelles conséquences probables ? une accentuation des fissures sur le barrage, qui aurait de plus en plus de mal à supporter le poids des sédiments ; d’éventuelles inondations, puisque, la vase s’accumulant, le lac de rétention devient de moins en moins profond. A cela s’ajoute un risque sismique non négligeable. Que faire ? pas grand chose, l’évacuation des sédiments semblant quasi-impossible : tel Sisyphe poussant son rocher, il faudrait évacuer en aval des vases qui se reconstitueraient dans le même temps en amont, sans parler du coût financier d’une telle opération.
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