A lire les quelques chiffres d’un article paru hier dans Le Monde, on comprend bien pourquoi il existe une journée de la femme. Une et une seule, toutes les autres étant bien celles des hommes. Excepté l’honorable cas de la Finlande, seul pays d’Europe où il y a plus d’élues femmes que d’élus hommes, partout ailleurs les femmes sont souvent méprisées ou au minimum tenues pour inférieures, en particulier dans les pays en développement. Le chiffre qui m’a ainsi fait bondir est celui du temps de travail : les femmes assurent les 2/3 des heures de travail effectuées dans le monde alors qu’elles ne perçoivent que 10% de la masse salariale totale. A l’échelle mondiale, les femmes sont nettement moins payées que les hommes à travail égal. Les femmes, faut-il encore une fois enfoncer le clou, travaillent beaucoup plus que les hommes : ce sont ainsi elles, et elles seules, qui assurent les corvées d’eau en Afrique subsaharienne, ce qui signifie aller chercher, souvent loin, de lourdes charges du liquide vitale. Un travail très dur, très physique, et très prenant en temps. Il faut aussi penser au faible taux de scolarisation des filles dans la plupart des pays en développement, à leur plus faible présence dans les voies d’enseignement supérieures sélectives en France (alors qu’elles sont plus nombreuses que les garçons à décrocher le bac), à leur disparition programmée en Chine et en Inde, où le fœticide des filles est monnaie courante malgré les interdictions et les lois insuffisamment répressives. Le chemin à parcourir est encore long, et cette toute petite journée du 8 mars n’y contribue que de manière symbolique.
Illustration de cette note : détail du tableau de Delacroix, La liberté guidant le peuple.
éÂ
éÂ