Laïcité (2)

Le débat franco-français, à partir de la brève présentation d’hier, dans le cadre d’une laïcité réaffirmée, oppose ceux voulant un état neutre, plaçant sur le même plan croyants et incroyants et cantonnant la religion à la sphère privée ou un état crypto-oecuménique (semblable aux USA) qui reconnaisse la place “éminente” des religions dans la société et dans lequel les institutions sont empreintes de religiosité. Ce débat a été récemment relancé par N. Sarkozy avec le concept de “laïcité positive” aussitôt repris par le pape actuel pourtant peu suspect de sympathies laïques, dans lequel le curé est infiniment plus important que l’instituteur pour l’acquisition des valeurs morales.

Il me semble, qu’en France, actuellement, le débat sur la laïcité se cristallise sur un certain nombre de points:

• Faut-il reconnaître aux religions et à leurs appareils une place particulière dans le débat politique et le paysage institutionnel en une sorte d’assemblée des “sages” ?

• Faut-il, 85% de l’enseignement privé étant catholique, continuer à multiplier les dispositions le favorisant par rapport à l’enseignement public, y compris au niveau universitaire ?

• Faut-il, comme cela se fait de plus en plus souvent, multiplier les appels aux autorités religieuses locales lors de violences et conflits sociaux locaux ?

• Faut-il, même si le débat est législativement tranché, maintenir l’interdiction de signes ostensibles d’appartenance politique ou religieuse dans les espaces publics, interdiction contre laquelle s’élèvent régulièrement de nombreuses voix ?

• A l’hôpital, dans les piscines, …, faut-il céder aux pressions, notamment de maris musulmans, sur un traitement spécifique pour leurs femmes ?
  

• Plus généralement, les débats sur les discriminations positives, les quotas, sur les mentions de l’origine ethnique sur les fichiers, les mesures communautaristes, …ne sont-ils pas constitutifs du débat sur la laïcité d’aujourd’hui ?

• Quand la presse, dans l’ensemble libérée des appartenances religieuses, devient de plus en plus propriété de grands groupes financiers et de marchands de canons, n’y a-t-il pas là quelque chose de préoccupant pour la laïcité dans la promotion de Mammon ?

La laïcité étant un principe de séparation, interdisant le mélange des genres, ne peut pas s’inquiéter de la propension sarkozienne, et ce sans parler des pantouflages, au nom de l’exécutif, à absorber le législatif, le judiciaire, le médiatique et bientôt à revenir sur les lois de 1905 ?

On peut trouver divers points de vue sur la problématique laïque sur le site des IUFM, là et là.

- Laïcité, ONU: “Retour du délit de blasphème ?”. Slate.

- “Le lourd désenchantement des classes moyennes”. Le Monde.

- “Les leçons du procès Tiberi”. Le Monde.

- “A force de mélanger ses casquettes, celle de la lutte contre l’antisémitisme et celle qu’il utilise pour organiser des manifestations de soutien inconditionnel à la politique d’Israël, le CRIF porte lui aussi une part de responsabilité dans cette confusion ambiante. Elle ne justifie en rien le racisme de ceux qui pensent pouvoir venger les Palestiniens en prenant des juifs français pour cibles”: le point de vue équilibré de Caroline Fourest. Le Monde.

- Réinventer nos modèles urbains. Le Monde.