L’occasion d’un retour vers Tennessee m’est donnée par cette émission programmée hier sur France culture. Les lecteurs de ce blog qui connaissent aussi un peu ce que j’ai écrit savent que j’ai toujours été attiré par cette tendance un peu « trouble » et « subversive » de la littérature américaine. Whitman, Kérouac, London et Tennessee... Parce qu’en même temps qu’ils plongent le lecteur dans les méandres de la conscience humaine, ces écrivains donnent à voir, en surplomb, les paysages « coloradiens » ou « mississipiens » d’une certaine Amérique.
Paradoxalement, j’ai découvert ces auteurs peu à peu, après mon voyage en stop aux States et après l’écriture de « la Route, la Poussière et le sable ». Et j’ai accompli cette découverte sur les planches aux côtés de mes élèves de lycée à qui j’ai offert une sorte de réécriture et de recréation d’univers.
En ce qui concerne Tennessee, j’ai eu la chance de travailler ma pièce « le Tennessee club » en connaissant à l’avance ma distribution. Ou du moins, les grands rôles. Mes comédiens étaient en terminale, finissaient le cycle et souhaitaient incarner des personnages plus dramatiques et plus fouillés psychologiquement
J’ai donc eu l’idée de les plonger dans l’univers de Tennessee qui, en même temps qu’il me permettait de reparcourir littérairement mon voyage en stop, me donnait l’occasion de mettre en scène des personnages inspirés de ceux de Tennessee. Tom Desire, la crapule alcoolique qui profite de la fortune de son épouse Thelma qu’il a condamnée à végéter à ses côtés dans un établissement minable du côté du désert de Mojave, « le Tennessee club », parce que sa belle-sœur était une lectrice inconditionnelle de Tennessee...
Tom rappelle le héros de « la Chatte sur un toit brûlant ». Il y a en lui une violence, une ambiguïté qui se traduit aussi dans son penchant homosexuel. Thelma, la jeune femme idéaliste, à l’image de Maggie, la fameuse « chatte », s’accroche désespérément à son mari et tente obstinément de sauver un couple à la dérive.
Tout cela se passe dans cet établissement de boissons et de divertissement, au
bord de la route dans un endroit où on entend, comme une lamentation, la bande originale de
« Bagdad Café ». Et tous les personnages qui
passent dans le huis clos de ce « Tennessee club » sont des épaves, des déçus de la vie qui rêvent à l’impossible et qui ont tous, comme dit la chanson, « quelque chose de
Tennessee »... Je remettrai en ligne demain l’un des moments forts de cette pièce.
ajouter un commentaire 1 commentaire (1) commentaires (1) créer un trackback recommander Précédent : L’influence de Kafka Retour à l'accueil