Comme vos rédactrices n'ont pas froid aux yeux et ravalent volontiers leurs principes un peu conventionnels, elles ont décidé de tester pour vous les allées du très couru Salon de l'Erotisme de Bruxelles.
Pensant vous dénicher de nouveaux trucs, astuces et gadgets sympatoches afin de pimenter, toutes proportions gardées, vos soirées et vos nuits en amoureux, nous avons osé franchir les portes accueillantes des Caves de Cureghem pour l'ouverture du Salon de l'Erotisme. Voilà ce qui vous y attend...
Tu Chippendales ou tu Chippendales pas?
Entre l'entrée des abattoirs d'Anderlecht, celle de l'exposition Korperwelten et après une sympathique balade au clair de lune sur le parking du Salon, vous n'y croyez plus mais vous voilà enfin au bon endroit, saine et sauve, ce qui ne gâche rien... Un charmant bodyguard juste sorti des UV vous demande si vous êtes là pour la Ladies night ou le salon. "Tiens on sait pas, c'est quoi la Ladies night Msieur?" Et le vigile de répondre "Bon le Salon sur votre gauche, le show des Chippendales, sur votre droite!". Okay, à gauche toute donc, on aime nos lecteurs, mais pas d'abus!
Enfin au chaud à l'intérieur des Caves, vous êtes presque contente d'être finalement arrivée. Et en termes d'arrivée, quoi de mieux qu'un petit dépliant vous proposant d' "Arrondir vos fins de mois": on vous le donne en mille, en faisant un peu de go-go dancing... Il est vrai que ce genre d'activités est donné à tout le monde. Bref, la visite commence par un sourire.
Le marché au bon goût
Dans un premier temps, si vous n'allez pas trop dans le détail, vous auriez presque l'impression d'être dans un marché couvert, avec les tables bancales recouvertes de vagues nappes pas très nettes, mais les fruits et légumes en moins. Evidemment un coup d'oeil plus appuyé sur les échoppes vous rappelle à la douce réalité: tatouages, piercings pour tous les endroits que vous n'imaginiez même pas, huiles de massages visiblement mises en bidon dans d'autres caves... Le ton est donné.
Et quelques mètres plus loin, ça se corse. Un podium de fortune où une jeune demoiselle en sous-vêtements lamés est attachée et sur laquelle on fait glisser - pas assez délicatement à notre goût en réalité - une corde dans un but indéfini et devant quelques spectateurs qui sont plutôt l'antithèse du glamour et de l'érotisme... Mais on est où là en fait?
SM, vibros, que du bonheur
Pas grave, restons groupées, avec un peu de solidarité, rien ne peut nous arriver. A peine le temps d'écarquiller nos petits yeux devant une dame d'âge disons plus mûr au maquillage charbonneux qui pendouille au plafond de son échoppe sado-maso dans un "hamac" en latex noir que son collègue fait gentiment balancer de droite à gauche... Histoire de se détendre au milieu des cravaches et des ceintures cloutées agrémentées de ce qui devait être un godemiché, très certainement.
Frisson d'une vision un peu glauque de piercing sur têtons défraîchis, qu'on essaie de rapidement oublier en filant quelques mètres plus loin pour souffler. Mais c'était sans compter sur un charmant représentant en (vibro)masseurs électriques multi-pattes qui vous agrippe délicatement mais fermement par le bras pour vous faire sentir malgré vous la puissance de son engin dernier cri. Il n'aura eu le temps que de nous le passer dans le dos, heureusement. Pour lui.
Une pause bien-être?
Le temps de galoper au bout de cette première allée riche en émotions, en bottes noir et carmin, en mini-shorts en latex rose et en propositions en tout genre, c'est là qu'apparaît la dernière chose à laquelle vous vous attendiez: un spa. A moins que ça ne soit pour un combat dans la mousse comme d'autres se font dans la boue...? Envie d'un bain de mousse sexy sexy? Alors ce sera dans une piscine gonflable pour enfants (oui, oui, la même que dans le jardin de Tatie Julia quand vous aviez sept ans), à côté d'un pilier en briques sur le sol en béton lissé et dans une mousse à la couleur douteuse, pour résumer. Pas sûr qu'il y ait des essuies à la sortie, mais une chose est sûre: vous ne manquerez pas de compagnie. Les exposants ne sont visiblement pas là que pour vendre...
C'est là que vous vous demandez s'il n'est pas temps de rentrer, finalement. Mais comme tous les foires et salons sont bien pensés, vous ne pouvez vous éclipser sans passer par le couloir shopping. Et là, comment ne pas être tentés par un petit souvenir? Un bric à brac d'accessoires de toutes sortes, le plus souvent "motorisés", multicolores et peu avenants, entassés sur les tables à tréteaux des stands. Ou plutôt des sex shops improvisés. Bizarre notre coeur ne s'est pas emballé pour les nuisettes en skaï bleu électrique et pour les laisses reliées à un string en mailles métalliques, ni pour les cuissardes fuschia compensées par 10 cm de talons, ni même pour les DVD dont on vous passera les titres délicats. C'était par où, les Chippendales, déjà?
Réveille la coquine qui sommeille en toi
Du reste, on a presque l'impression d'être les seules à ne pas nous sentir bien dans nos baskets et manteaux zippés jusqu'au nez. Les dames qui nous tendent leurs fasicules ont l'air très en forme, elles. Evidemment ce n'est pas avec un deux-pièces à paillettes (8 cm de tissu en moyenne) et cinq couches de gloss sur leurs lèvres - très - pulpeuses qu'elles risquent d'avoir trop chaud.
Ce qui est le plus gênant, finalement, c'est sans doute le regard avide des hommes qui errent dans les lieux, accompagné du sourire taquin des exposants qui vous regardent en disant presque "Allez, ne fais pas ta timide, je sais que tu as envie de t'encanailler, tu n'es pas là pour rien..."
Cette fois, c'est pas tout ça, mais on est jeudi soir, et il y a Envoyé Spécial sur France2 là, non? Une dernière manoeuvre désespérée pour échapper aux bras grands ouverts d'un cow-boy aux cheveux longs et gris qui semble inviter qui veut - un peu trop fermement, tout de même - à une petite sauterie dont on ne cherchera pas à connaître les détails. Détour obligé par le bar où, en plus de ne pas regarder l'énième strip tease de la journée, non, on ne prendra pas une pina colada qui évoque ici tout ce à quoi on a plus envie de penser...
Un préservatif, et basta!
Oh la sortie! Gloire à toi, sens de l'orientation, courage, fuyons! Un peu déçues de ne pas avoir trouvé de petits accessoires érotico-rigolos et loin du porno chic vanté dans les plus grands magazines, c'est bredouilles que nous regagnons nos penates, si ce n'est avec sous le bras un dépliant explicatif des MST glâné au stand info sida (le seul où on aura osé s'arrêter une minute et échanger deux mots, réflexion faite).
Le monde tourne mal? Peut-être, pas forcément. A chacun d'assouvir ses fantasmes comme il l'entend, de trouver son petit bonheur et ses limites. On s'attendait à du suggestif, du coquin, du sexy-comique, du glamour, bref de l'érotique, comme le nom du salon l'indique. Mais on est tombées sur l'éloge du trashy porno pas classe presque avilissant. Pas très moderne tout ça, en cette avant-veille de 8 mars, Journée de la Femme. Alors de notre côté, la prochaine fois, on s'en tiendra aux gadgets sympas des réunions Upperware, aux canards à petits coeurs qui vibrent un peu mais pas trop, aux huiles parfumées, au talc comestible, à notre homme tout nu et sans latex et aux bouquins sur le tantrisme. Et ça sera très bien comme ça... ( Source : Caroline, Annabel - 7sur7.be )