Last thursday, one of France's most famous lyricist, MC Solaar, turned 40. Yes, how time flies... I thought it was time mysoul payed tribute to one of the greatest French rappers of all times, who paved the way for a whole new generation of mcs. You can stream two exclusive playlists I have especially made up for you to enjoy. The first one consists of rare or non album tracks, plus some great collaboration with The Roots ("I'm Doin' Fine") and Incognito ("Solaar Power") recorded for the international version of "Prose Combat" (1994). The second is a very personal selection of French Hip Hop artists of the new generation, with a style similar to the one of the great Claude MC. Hope you'll make some interesting discoveries and enjoy the mix. Don't forget to check out the videos I have enclosed inside the French post. You'll be able to see, among other things, MC Solaar perform with Missy Elliott ! ---
Adulé ou raillé, considéré par certains comme l'un des piliers du rap français, par d'autres comme celui par qui le mal est arrivé, MC Solaar n'en demeure pas moins, avec les plus politisés NTM et IAM, l'un des artistes majeurs du Hip Hop francophone. Il est aussi, sans doute, le plus "populaire" d'entre tous, avec tout ce que ce concept renvoie de flatteur (ouverture au grand public, diffusion de valeurs positives, émulation) mais aussi de péjoratif (comme cette avilissante performance, déguisé en Blanche Neige et chantant "Je voudrais être noir", pas plus tard que vendredi soir sur TF1 avec la troupe des Enfoirés, sur laquelle il est d'ailleurs préférable de ne pas s'attarder).
"A l'aube de son 6e album, MC Solaar est-il toujours un rappeur ?"
C'est la question, plutôt directe et brutale, que feu le magazine The Source se posait dans son numéro de novembre 2003. Poussant l'audace jusqu'à mettre en couverture d'un titre de presse dite spécialisée, celui qui était déjà ouvertement décrié pour son côté policé, diamétralement opposé à la virulence des NTM. Le paradoxe Solaar, un "gendre rappeur idéal" ou "Monsieur Propre du Hip Hop", selon les mots du journaliste Hugo Van Offel, qui brossait malgré tout un portrait dithyrambique du MC suite à une rencontre de deux heures avec l'artiste.
Cette semaine, le 5 mars plus exactement, Claude M'Barali, aka L'As de Trèfle, aka L'Homme Que L'On Nomme Claude MC Solaar, a eu 40 ans.
Le 27 juillet 1991, le single "Bouge De Là" faisait son apparition dans les charts. Près de 18 ans se sont écoulés et malgré une carrière d'une longévité rarissime dans le rap français, courant sur deux décennies, et une discographie riche de 7 albums studios plus un live, MC Solaar n'a jamais véritablement été reconnu par ses pairs. Certes, le "métier" l'a maintes fois distingué : 4 Victoires De La Musique, prix de la prestigieuse Académie Charles-Cros en 1995 pour l'album "Prose Combat", et même une participation au festival de Cannes 1998 en tant que membre du jury. Mais en préparant cet article, le constat m'est clairement apparu. En dépit de l'héritage qu'il laissera au Hip Hop français, très peu de rappeurs se réclament de l'école MC Solaar.
En France, le succès est suspicieux. "Ouai, c'est ça, reste underground !" scandait IAM en 1994 sur la réédition de leur "Ombre Est Lumière". L'erreur de Solaar a surtout été de se couper du mouvement Hip Hop, de rester en permanence en retrait. Là où une Diam's, qui a pourtant rencontré un succès commercial identique et une couverture médiatique comparable, a multiplié les featurings et les apparitions sur tous types de projets et mixtapes, Claude lui, compte plus de collaborations avec des artistes de variété française (Jane Birkin ou Julie Zenatti) que d'échanges artistiques avec la sphère hip hop hexagonale. Dans sa discographie, les rares MCs a avoir eu le privilège de partager le mic avec lui semblent faire partie de son crew historique (Black Jack de Démocrates D, ou Bambi Cruz).
20 juin 2008, par une belle après-midi ensoleillée. Confortablement assise dans un fauteuil en cuir du Costes K, dans le très chic 16e arrondissement parisien, je sirote un smoothie à la fraise. Il se tient là, face à moi, souriant et laid back dans son treillis kaki. Il ignore quasiment tout de moi, en particulier le culte que je lui vouais à l'adolescence, moi qui fut fascinée par sa prose, façonnée aussi, dans mes écrits, par sa sagacité et son sens de la rhétorique. "L'NMIACC D'HTCK72KPDP", "Claude MC prend le microphone genre love story raggamuffin", "Naguère les concierges étaient en vogue", "Elle se baladait, en chantant lalala"... Tout se télescope dans ma tête. Quelques minutes avant, nous faisions un zigzag de l'aisé sur les Champs Elysées, lui au volant, moi côté passager, et le responsable de cette rencontre, aussi improbable qu'impromptue, sur le siège arrière. On reste là, durant des heures, je sirote des smoothies, en écoutant de la lounge music, on parle de tout, de rien... Surtout de rien.
Est-ce parce que "Le Silence est d'or" que je me suis tue, ou par égard pour celui qui m'avait conviée à cette séance de chillin' improvisée (il faut savoir rester digne), toujours est-il que les questions qui me brûlaient les lèvres, à savoir s'il avait vraiment confondu South Park et les Simpsons dans "Da Vinci Claude", si, en 2008, MC Solaar était toujours un rappeur, et si, quelque part, cela ne le peinait pas de n'avoir pas obtenu le respect de la génération suivante (là ou Joeystarr et AKH sont vénérés), je ne les ai pas posées. De Hip Hop, il fut pourtant question, durant notre conversation. Celui des canadiens de Muzion (Back in da dayz), dont il fredonna la mélodie de "la vie ti neg". De quels clashs ou autres beefs du hip hop français, qu'il semblait suivre, même de loin, via des vidéos circulant sur le net. De cette unique rencontre, il me reste l'impression que Claude n'est finalement pas si éloigné de l'image d'Epinal que j'avais jusqu'alors, d'MC Solaar. Un garçon doux, généreux, loquace, drôle, et évidement, extrêmement érudit (la géopolitique et l'Afrique étant ses sujets de prédilections).
Jeudi dernier, le rappeur poète, héritier de Prévert, Queneau, George Perec, Boby Lapointe ou Gainsbourg, est donc rentré dans le club des quadras... Par cet article hommage, j'ai souhaité retracer les points forts de sa carrière, au travers de deux playlists. L'une composée de raretés, de coups d'éclats, mais aussi de collaborations prestigieuses, preuves de son rayonnement international.
L'autre tenant plus du pur fantasme, celle d'une relève imaginaire, parfaitement subjective, aucun des artistes présents, à l'exception de Philémon, ne s'étant réclamés influencés par l'œuvre d'MC Solaar.
Playlist n°1 : MC Solaar, l'héritage Hip Hop :
Et Dieu créa l'homme (les Cools Sessions)
Le Freestyle d'Obsolète feat. Les Sages Poètes de la rue
Le syndrome de Stockholm (inédit paru sur le single d'Obsolète)
Represent feat Carlos, Black Jack, Willy Roots, Mello Philo
Zig Zag de l'aisé
Un Ange en danger avec Ron Carter
Solaar Power
I'm Doin' Fine feat. The Roots
Le repas (Sens Unik feat. MC Solaar)
Playlist n°2 : Les héritiers
Oxmo Puccino "Perdre et gagner"
Hocus Pocus "Histoire d'une VHS"
Réel Carter "Amour Suprême"
Enz "Génération Bridget Jones"
Apkass "Afrique"
Baloji "Le reste du monde"
Abd Al Malik "Paris mais feat. Wallen"
Grand Corps Malade "Pères et mères"
John Banzaï "Rendez-vous"
Kwal "Elle feat. Asa"
Orelsan "Gros poissons dans une petite mare"
Philémon "Sage Fort Et Fier"
Le système Solaar : L'école Jazz Rap + African Roots + Figures de style + Art du storytelling...
"C'est grâce à l'héritage Jazz, que l'homme singe devient l'homme sage" scande Claude MC sur l'un des ses plus sublimes morceaux, "Un Ange En Danger", enregistré pour les besoins de la compilation Red Hot + Cool Stolen Moments (1994) avec le contrebassiste Ron Carter. Si le jazz a influencé le répertoire de Claude, il n'en a pourtant pas l'apanage dans le rap français (on se souvient notamment du travail de son acolyte du 501 posse, Soon E MC), pas plus qu'il ne s'est jamais placé comme un gardien du temple Jazz Rap. Le rap cool, et musical, de Claude première époque, celle des Cool Sessions, de l'album "Qui Sème Le Vent Récolte Le Tempo", de certains titres de "Prose Combat" jusqu'à cette fameuse collaboration avec Ron Carter a pourtant creusé un sillon qui ouvrira la voie à d'autres lyricistes mélomanes. On peut citer, pèle-mèle, Kohndo, Hocus Pocus, Oxmo Puccino, Réel Carter, Enz ou Rocé...
Ci-dessous : MC Solaar, Soon E MC et Sinclair interprètent en trio une reprise de "Vieille Canaille" de Gainsbourg et Eddy Mitchell, sur le plateau de Taratata (attention, moment culte !) :
MC SOLAAR / SINCLAIR / SOON E MC : Vieille canaille - Taratata
TARATATA N°58 (Tour. 07/09/94 - Dif. 16/09/94)
Outre cet amour incommensurable du jazz (il a d'ailleurs donné un récital au Théâtre du Châtelet en mai 2008 aux côtés de Roy Hargrove et Ron Carter), sa terre natale africaine a largement influencé le répertoire de Claude MC. Il paraîne le groupe Positive Black Soul, avec lequel il enregistre le titre "Rats Des Villes, Rats Des Champs" sur leur album paru en 1995, "Salaam". Également investi sur le terrain, et en particulier au Sénégal, pays qui l'a vu naître, il organise "La Nuit Du Rap" au Centre Culturel Français de Dakar. En septembre 2008, il s'engage pour venir en aide aux sinistrés des intempéries qui ont ravagé le sud du Togo, en se rendant à Lomé aux côtés du président de l'association "J'aide le Togo". On se souvient surtout du superbe clip d'Hijo De Africa, tourné au Mali, et extrait de l'album "Mach 6" (2003). Depuis, de jeunes artistes tels le MC belge Baloji (album "Hotel Impala") ou le slameur Apkass (album "En Marchant Vers Le Soleil"), ont également nourri leur répertoire de toute la richesse de leur culture africaine.
Ci-dessous, le clip d'Hijo De Africa :
CLIP Mc solaar "hijo de africa"
envoyé par niksinik
Ici, un duo avec le chanteur sénégalais Youssou N'Dour, sur le plateau de Taratata, en 1995 :
Sage Fort et Fier / Petite Soeur PHILEMON feat. Mc Solaar - wideo
Enfin, on ne peut rendre un véritable hommage ipe au titre "All N My Grill" de Missy Elliott, remplaçant Big Boi d'Outkast pour la version européenne du single.
MC SOLAAR /URBAN SPECIES : Listen - Taratata
TARATATA N°58 (Tour. 07/09/94 - Dif. 16/09/94)
Toujtitre produit par JP "Bluey" Maunick, leader du groupe Acid Jazz Incognito.
5 mars 1969- 5 mars 2009 : d'accointances musicales douteuses en choix artistiques discutables, MC Solaar n'est désormais plus au Hip Hop qu'un lointain souvenir glorieux. Réputé de nature paresseuse, le rappeur littéraire a une fâcheuse tendance à s'endormir sur les lauriers d'une renommée acquise il y a presque deux décennies... Seule voie de rédemption, que l'un de ses dignes héritiers compose pour (avec ?) lui la partition d'un retour au sommet de son art rapologique. Alors seulement viendra le repos du guerrier...
Pour aller plus loin : la journaliste Stéphanie Binet, dans un article publié dans Libération en 2001, tentait de lever le voile sur le mystère qui entoure la séparation du rappeur et de Jimmy Jay, l'homme qui a façonné le son Solaar de ses débuts jusqu'en 1994. C'est d'ailleurs bien en tant que groupe qu'MC Solaar fut distingué aux Victoires De La Musique en 1992. Un excellent portrait, étayé des témoignages de Bambi Cruz et de Régis Douvry, l'ancien manager de l'artiste.
Site officiel : www.solaarsystem.net
crédit photos : Philippe Bordas/Warner Music