« Alors que des lois anti-sociales, immobiles au milieu de l'immense révolution opérée par les rapides progrès de cette civilisation si bizarrement invoquée, poussent un peuple étreint dans de mesquines et étroites limites à se révolter contre des souffrances qu'il est las d'endurer ; – alors que l'étouffement de ses plaintes le jette armé sur la place publique, et que l'état social ébranlé jusque dans sa base verse des larmes de sang et attend l'issue de ces affreux combats que se livrent entre eux les enfans d'une même patrie, n'y a-t-il pas infamie et crime pour ceux qui s'élancent armés de lâches et honteuses passions au milieu des combattans et crient mort et anathème aux vaincus ? Telle est la question que nous posons à tous les hommes de bonne foi qui ont eu assez de courage pour subir les pages écrites par MM. du Courrier de Lyon, au milieu des douloureux événemens qui viennent d'étendre une seconde fois leur voile de mort et de deuil sur notre cité tout entière…
Et maintenant qu'une grande leçon a été donnée à tous (ce nous semble), et qu'il serait du devoir des écrivains qui se sont donné mission de châtier ou d'éclairer l'opinion de résoudre ce problème social et politique si violemment agité depuis tantôt cinquante ans, et qu'il serait, disons-nous, du devoir de ces écrivains de rechercher enfin avec bonne foi et sincérité la véritable cause de cette perturbation dangereuse et sans terme (jusqu'à aujourd'hui du moins), n'est-il pas à la fois étrange et alarmant de voir ces hommes trahir sans pudeur leurs devoirs les plus sacrés et jeter de nouveaux brandons de haines et de discordes au milieu de nous quand les ruines sont à peine relevées, que la terre des tombeaux n'a pas encore englouti toutes les victimes, et que le glaive de la loi poursuit sans pitié ceux que la mort a épargnés ? » 4 mai 1834
A lire, dans l'ultime numéro de l'Echo de la Fabrique, qui vient clore 4 années de mise en ligne hebdomadaire d'un des premiers journaux ouvriers publiés en France.
(merci Sam)