"Frida", un film américain de 2002, avec Selma Hayek et Alfred Molina.
Réalisatrice : Julie Taymor.
Un bon reflet, baroque à souhait, de ce que fut la vie toute en contrastes de la désormais mythique Frida Kahlo. On est entraîné dans cette
ambiance mexicaine torride, excessive et sensuelle, où les complicités et les solidarités féminines s'épanouissent en réaction au machisme ambiant et à la cruauté foncière de la culture (semblable,
en cela, à beaucoup de cultures du Tiers-Monde).
Le calvaire de Frida Kahlo, sa mère sévère et hostile, sa passion pour Diego Rivera, son attachement tripal à la terre mexicaine, ses engagtements (avec, entre autre, l'épisode Léon Trotski), son
goût pour l'étourdissement, la fête, la boisson et, à l'occasion, les aventures homosexuelles...on fait le tour du personnage.
Selma Hayek est extraordinairement ressemblante physiquement et, non contente de prêter la pureté de ses traits de Madone brune, elle rend la vibration intérieure qui habitait Kalho d'un bout à
l'autre du film, où l'on perçoit parfaitement le désespoir et la fameuse rage de vivre qui animaient l'artiste.
Fière, courageuse et fataliste (car jouet de la fatalité).
Maternante, tendre et révoltée.
Telle est Frida, qui, dans ce long métrage, est campée, d'abord et avant toute autre chose, comme l'héroïne d'une belle histoire d'amour, compliquée certes, mais romantique comme on s'oserait
pas en rêver pour l'homme, lui aussi d'exception qui, en dépit de toutes ses frasques, lui demeurera fidèle et se révèlera un indéfectible, précieux soutien de son talent.
Entre Diego, pourtant "macho" et Frida, aucune rivalité.
Diego voue trop de tendresse et trop d'admiration sincère à sa compagne pour lui en vouloir de "chercher à être elle-même", ce qu'il comprend si bien.
Frida la forte, la fragile, la brusque, la brisée, la frémissante, le conquiert.
Et elle nous conquiert nous aussi.
Elle est Femme et il émane d'elle une séduction sauvage et touchante.
Un film à voir. A revoir. Parce qu'il sait nous faire aimer F.K (si nous ne l'aimions pas déjà). Les images, belles, intimistes, nous proposent de magnifiques clairs-obscurs.
P.Laranco.