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Lettre ouverte à Jean-Luc Chollet, un UDC que l’on dit atypique

Publié le 30 août 2007 par Alain Hubler

Mouton noirC’est presque par hasard que je suis tombé sur le DVD de ta présentation par TVRL à l’occasion de l’élection de la Municipalité de Lausanne de 2006. Il y a une année et demie, tu déclarais dans le poste de télévision :

Ce que j’ai entendu comme bruits de couloir, c’est que Chollet n’est pas fiable, car il a des amitiés à gauche et que de temps en temps il vote avec la gauche. C’est donc la meilleure preuve qu’on est centriste. Envers et contre tout, je crois aux valeurs fondatrices de notre parti qui sont des valeurs d’initiative privée et de solidarité.

Un peu plus loin tu en rajoutais une couche en révélant :

J’ai un respect et une amitié profonde pour Alain Hubler, candidat popiste, même si je partage peu de ses idées.

Certes, nous étions en campagne électorale et en t’affirmant centriste, tu pouvais séduire à gauche et à droite. Bien sûr, certaines personnes de mes connaissances ont raillé cette déclaration d’amitié. Mais je suis convaincu – est-ce de la naïveté ? – que tu étais sincère. Tant sur le plan de ton positionnement politique que sur le plan humain.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. L’émissaire blochérien a mis en route la machine de guerre aux quatre coins du pays. À Lausanne aussi, les murs de la ville se sont couverts d’affiches racoleuses, mais de mauvais goût et de plus en plus obscènes. Le débat sur le local d’injection a permis à l’émissaire de déclamer le programme venu d’en haut. Programme aux relents d’exclusion et de mort pour les toxicomanes. Juste avant tu avais pourtant été élu député largement en tête de ta liste, vraisemblablement porté aux nues par des électeurs dont certains sont tout aussi centristes que toi.

Puis l’été pourri de 2007 est arrivé, les murs de Lausanne ont été envahis par les moutons que l’on connaît. Le film présentant le fantasmé paradis UDC et le mensonger et méprisant enfer de gauche a inondé le Web, les affiches ont été arrachées ou corrigées, le film a été interdit. Les affiches ont été maculées de propos que vous avez provoqués et qui étaient pour beaucoup d’entre eux mérités. Les images du film ont été volées à des jeunes, comme elles ont été volées à des étrangers, à des musulmans, à des « pas comme vous » qui ne savaient rien de votre machine de guerre politique.

L’émissaire blochérien concluait cyniquement avant que la justice ne vous remette à l’ordre : «Ils ont passé un contrat avec le réalisateur et nous avons utilisé une prestation commandée et payée».

Depuis tes déclarations de la fin de l’hiver 2006, l’eau qui a passé sous les ponts a érodé ton âme. À Lausanne, l’UDC centriste et agrarienne que tu représentes avec d’autres a été phagocytée, digérée par la machine manipulatrice, opportuniste, ostracisante et xénophobe que la maison mère t’as livrée. Et bien sûr, tu es toujours sur les listes électorales pour les élections nationales de cet automne. Tu vas drainer des voix réellement centristes pour les donner en pâture à la bête populiste et discriminatoire qui t’a volé ton âme d’agrarien.

Je suis déçu et triste que ton bon sens terrien, que je respecte infiniment, ait pu être aussi facilement et grossièrement trompé et que tu n’aies pas recréé un PAI vaudois qui seul pourrait accueillir ton atypisme et celui de tes électeurs.

Alain Hubler
Mouton noir et fier de l’être


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