CANADA, lu sur lerefletulac.com:
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À 57 ans, Roger Laroche estime vivre les plus belles années de sa vie. Pas surprenant quand on constate que, malgré sa retraite, il peut continuer d'assouvir ses deux
grandes passions: les communications et le ski.
L'ancien journaliste et animateur de Radio-Canada a
quitté la Société d'État il y a un peu plus de trois ans. Pourtant, le boulot ne manque pas. Grand amateur de ski alpin, il est devenu l'une des références de ce sport au Québec, et ses
collaborations à différents magazines ou émissions ne cessent de s'accroître.
Au fil des ans, il a également acquis une crédibilité à toute épreuve avec son site internet Le Carnet du ski www.carnetduski.com), l'un des plus consultés au Québec.
Bien qu'il ait contribué à rehausser l'image du ski alpin à de nombreuses reprises par ses actions, il estime qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. «Ce qu'on voit à la télé et dans les
différentes publicités, c'est-à-dire ceux qui font des pirouettes dans les parcs à neige ou qui survolent les sous-bois, ce n'est qu'une infime partie de la clientèle. La plupart des skieurs sont
comme moi: des plaisanciers du ski. Si on mettait davantage l'accent à montrer des gens comme ça, le ski serait peut-être plus populaire. On cultive vraiment la mauvaise image»,
croit-il.
En bref…
- Sa station préférée: «je n'ai pas vraiment de station préférée, car chaque endroit possède ses
propres particularités. Je vous dirais par contre que mon gros coup de cœur des dernières années a été un séjour dans les Chics-Chocs, en Gaspésie».
-Ses compagnons de voyage: l'ancien champion olympique Jean-Luc Brassard et le photographe de La Presse, Bernard Brault, ont partagé plusieurs de ses excursions
de ski à travers le monde.
-Une journée parfaite: «j'ai eu la chance de skier avec le mari de Nancy Greene, il y a quelques années en Colombie-Britannique, et il me disait qu'une journée parfaite se chiffrait à 6-8-10: 6
heures de ski, 8 heures de sommeil et 10 heures à se demander ce qu'on va faire du reste de la journée. Il avait parfaitement raison».
-Des causes honorifiques: au cours des dernières semaines, il s'est impliqué pour la Montagne de solidarité à Orford
(Banque alimentaire), le Rallye persévérance (Commission scolaire de Sherbrooke) et la Marathon de ski SP (Sclérose en plaques) à Ski Mont
Gabriel.
-Son carnet de voyage: il a visité plus de 80 stations à travers le monde.
-Sa santé: plusieurs personnes seront surprises d'apprendre qu'il souffre de la sclérose en plaques. «Je suis toutefois au stade le moins souffrant de la maladie, précise-t-il.
-Un site piraté: le Carnet du ski a été victime d'un pirate de l'informatique, l'automne dernier, de sorte que toutes les données et archives des dernières années ont été perdues. «C'est comme si
on m'avait arraché une partie de moi-même», déplore-t-il."
Lu sur ledevoir.com:
"C'est un livre à deux voix. Celle d'une mère et celle de sa fille. Une mère écrivaine, aujourd'hui tombée dans l'oubli, Monique Larouche-Thibault. Et sa fille journaliste, chef d'antenne à TVA,
Sophie Thibault.
Entre les deux: la maladie. La maladie dont a souffert pendant plus de 50 ans Monique Larouche-Thibault. «À vingt ans je trébuchais, à trente je
claudiquais, à quarante j'ankylosais et, à cinquante ans, seul un fauteuil roulant me procurait une sensation -- bien illusoire -- d'équilibre.»
Le diagnostic est tombé quand la petite Sophie, aînée d'une famille de deux enfants, avait 10 ou 11 ans: sclérose en plaques «Implacable saloperie», commente celle qui a grandi dans la culpabilité mais aussi
dans la colère, l'exaspération d'avoir à ses côtés cette mère souffrante: «Tu me semblais bien gauche, maman, lasse et mélancolique.» C'est un
livre-témoignage, un livre-thérapie. Où chacune de son côté se vide le coeur, règle ses comptes, raconte sa vie. Pas un chef-d'oeuvre littéraire, d'accord. Des longueurs, des redites, des
détails qu'on pourrait juger inutiles.
Ce qui n'exclut pas un vrai talent des deux côtés. Même s'il est difficile, dans le cas de Monique Larouche-Thibault, de savoir ce qui est vraiment de son cru dans Telle mère, quelle fille?. Si
elle a signé dans le passé trois romans et de nombreuses chroniques d'humeur dans les médias en tapant avec un doigt sur le clavier, sa santé déclinante l'a contrainte ici à faire appel à un
rédacteur.
Quant à Sophie Thibault, elle assume complètement ses écrits. Et confie avoir pris un plaisir immense à jongler avec les mots: «Je suis depuis longtemps habitée par l'attrait d'aller au-delà des
formules toutes faites de la femme-tronc qui se présente au petit écran tous les soirs.» Ça lui réussit. De belles envolées, des images fortes. Des passages cruels, déchirants. De l'humour, par
moments. De la vivacité, tout plein. Et une sensibilité à fleur de peau.
Rien à voir avec le style journalistique, le masque impassible de la neutralité présenté chaque soir à la télé. C'est peut-être ce qui étonne le plus: à quel point une figure publique telle que
Sophie Thibault accepte de se dévoiler, de dire sans fard ce qu'elle a dans les tripes. Dans l'ensemble: un ouvrage extrêmement touchant. Où les auteures ont pris d'abord et avant tout le pari de
la franchise, de l'honnêteté. Au risque de provoquer un malaise chez les lecteurs et d'attiser leur côté voyeur.
L'histoire de la mère, comme telle, a de quoi fasciner. Et de quoi faire pleurer. Enfant malaimée, terrorisée par sa mère froide, autoritaire, «adepte des taloches», Monique a lutté toute sa vie
pour savoir qui elle était, pour exister aux yeux des autres. On pense, par moments, en lisant ses confidences, à la biographie de Janette Bertrand parue il y a quelques années. Même manque
d'amour. Même époque aussi, où les femmes vivaient dans la peur du péché, n'existaient socialement qu'à travers le statut de leur mari.
Quand Monique Larouche épouse Marc Thibault, elle voit en lui son sauveur, son héros. Elle, petite chose qui n'a aucune confiance en elle, qui se trouve nulle, qui se déprécie constamment, aimée
par un homme comme lui?
Elle ne s'est pas trompée: une fois la maladie installée, il devient son chevalier servant. Et c'est lui, directeur de l'information à Radio-Canada, qui
toute sa vie assumera les tâches du ménage. Lui, l'ex-jésuite, le «saint-parfait».
Elle lui en voudra, à son homme, pourtant. Lui reprochera d'être «contrôlant». L'accusera de lui avoir volé son rôle à elle, d'avoir accaparé ses enfants. Elle se montrera jalouse, difficile,
impossible.
Sa seule porte de sortie, tandis que la maladie, «cette bouffeuse de terminaisons nerveuses», gagne du
terrain et lui empoisonne de plus en plus la vie: l'écriture. Aussi, quand est arrivé le projet d'écriture à deux voix avec sa fille, Monique Larouche-Thibault, qui n'avait rien écrit
depuis 20 ans, a sauté sur l'occasion.
Elle n'a pas vu le résultat final: elle est morte l'automne dernier, deux ans après son mari. Mais elle a eu le temps de donner son imprimatur à l'ouvrage. Même si les propos qu'y tient sa fille
l'ont parfois fait réagir violemment.
Car elle n'y va pas de main morte, Sophie Thibault, quand elle parle de sa mère. Une mère pas comme les autres,
«avec ou sans sclérose», dit-elle. Une mère séductrice, manipulatrice. Une mère-enfant, avide d'amour, égocentrique. À propos de l'étrange dynamique entre ses parents, la
journaliste demeure perplexe. «D'un côté, le père qui ne se plaint jamais, qui semble sacrifier sa vie pour sa femme, qui lui pardonne tout. De l'autre, la mère qui multiplie les griefs.»
Pendant longtemps, la jeune fille s'est cherchée. Angoissée par la mort, habitée d'un profond sentiment de culpabilité, elle a multiplié les thérapies, les errements de toutes sortes. Elle a même
connu une phase ésotérique. Elle en a mis du temps, après un bac en psycho, à suivre les traces de son héros, son modèle, et à se lancer dans le journalisme.
Puis, après la mort de son «père-mère», devant sa mère dépendante, exigeante: «Vais-je devenir son mari en jupe, sa tutrice, sa protectrice?»
La fille vide son sac. «C'est cette satanée sclérose qui a pris toute la place. Je suis fatiguée d'être ta mère,
ta secouriste, ta soignante.» Elle reproche à sa mère d'avoir utilisé la maladie comme refuge, d'avoir été centrée uniquement sur ses propres besoins, sans aucune considération pour sa
souffrance à elle, pour la peine immense, le vide qu'elle ressent depuis que son père n'est plus là.
Elle reproche aussi à cette femme clouée dans son fauteuil roulant de ne tolérer aucune critique. Et elle
se reproche à elle-même d'être peut-être allée trop loin: «Qui oserait parler franc à une mère handicapée?»
Elle va loin, en effet, Sophie Thibault, dans ce livre. Très loin dans le ressentiment, la révolte. Mais aussi dans la tendresse, l'attachement, l'amour qu'elle ressent pour sa mère.
Contradictoire au possible, Telle mère, quelle fille? Puissant, unique, comme document.
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Collaboratrice du Devoir
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Telle mère, quelle fille ? "