Si le Réveil du Zelphire de Karim Friha se déroule dans un pays imaginaire, à une époque indéfinie, force est de constater que la ville d’Algarante ressemble beaucoup aux capitales européennes du XIXe siècle. Ajoutons à cela un orphelinat digne des romans de Dickens, un scientifique aventurier qui pilote un engin volant et qui emprunte bien des traits aux savants fous à la Frankenstein (d’ailleurs il y a plein de morts qui se réveillent dans cette histoire…), et on se sentira plongé dans une atmosphère par trop « steampunk ». L’auteur, Karim Friha, emprunte cependant aussi à la tradition des comics américains et des superhéros : ainsi le héros de l’histoire est-il un Zelphire, c’est-à-dire un être doué de pouvoirs particuliers (Sylvan est un homme-arbre, avec une transformation à la Hulk, et comme tous les super-héros modernes il râle un peu, particulièrement quand sa peau bourgeonne au matin).
Dans le premier tome de ce qui est appelé à devenir une série, « D’écorce et de sève », il affronte l’ignoble famille Graves, partisane d’un dictateur déchu, aux côtés de l’adorable professeur Wernes, tout en se posant des questions sur sa relation avec la belle Léonore. C’est assez efficace et palpitant, drôle souvent, visuellement réussi.
Je pense que la série est plutôt destinée à des adolescents : le couple vedette évoque des adolescents d’aujourd’hui, il y a beaucoup d’enfants craquants dans cette histoire et les enjeux familiaux et sentimentaux l’emportent pour l’instant sur la dimension politique ou sociale que pourrait prendre l’histoire.
Un agréable divertissement plein d’imagination délicieusement macabre, dans la même collection (Bayou, dirigée par Joann Sfar) que les aventures d’Aya de Yopougon.
Merci à Sonia pour l’envoi.