Bien sûr, le développement des produits Bio (+35% par an depuis 4 ans) est une excellente nouvelle pour la planète. Mais pour des raisons techniques, économiques et marketing, tout n’est pas encore totalement rose dans ce monde de la beauté verte. Et le reportage de France 2 l’a bien montré.
Petit résumé critique pour ceux qui auraient raté l’enquête :
- Oui, jusque fin 2008, les parabènes et le phenoxyethanol étaient bien autorisés par l’organisme de certification Ecocert, à condition qu’ils ne soient pas ajoutés par le fabricant dans la formule, mais apportés par les matières premières. Cette dérogation avait été mise en place au moment de la création du label car il y a quelques années, quasiment tous les ingrédients étaient protégés avec ces conservateurs. Il fallait donc accorder un peu de temps aux fournisseurs pour trouver une solution alternative, ce qui n’a pas été une mince affaire, croyez-moi ! A noter, donc : le temps d’écouler les stocks fabriqués jusqu’en décembre dernier, vous risquez encore de tomber sur des parabènes dans vos cosmétiques Bio, sans que ce soit forcément indiqué sur l’étiquetage.
- Non, il n’est pas facile de substituer ces conservateurs si décriés. Les candidats à leur remplacement sont moins efficaces et pas forcément très bons pour la peau : alcool (desséchant, irritant), acides sorbique et benzoïque (efficaces à ph… acide), huiles essentielles (parfois allergisantes), extraits végétaux suspectés d’être libérateurs de formol hautement toxique (lonicera japonica)… Et lorsqu’on se passe de conservateur, les crèmes deviennent de véritables bouillons de culture : eh oui, les bactéries sont très friandes de ces eaux florales et de ces extraits de plantes ultra-nutritifs ! Aujourd’hui, la solution la plus saine et la plus simple pour conserver efficacement les produits Bio est le conditionnement en flacon airless. Mais c’est malheureusement assez compliqué à mettre en œuvre, surtout pour les petites marques.
- Non, les produits naturels ne sont pas plus doux pour la peau que les produits conventionnels. N’oublions pas que les poisons les plus dangereux ont été enfantés par la nature (curare, toxine botulique, venins…). Les huiles essentielles ont des propriétés extraordinaires, mais mal dosées, peuvent être ultra-irritantes et allergisantes ; elles traversent la peau et on les retrouve même dans les urines. Les compositions des extraits végétaux diffèrent légèrement en fonction des années et des lieux de récoltes et il est donc difficile de garantir une même qualité d’un lot à l’autre. D’ailleurs, les produits pour peaux atopiques et sensibles sont composés en grande partie d’ingrédients de synthèse dont on maîtrise parfaitement l’innocuité.
- Oui, il faut bien faire attention aux étiquetages pour déceler les méchants Bio-opportunistes. « A l’extrait de lavande Bio » ne signifie pas que le produit est Bio ou naturel, cela peut tout à fait être un produit majoritairement synthétique avec 0,5% d’extrait Bio. « Sans parabène ajouté » signifie qu’il peut y en avoir à l’état de traces, apportés par les matières premières qui composent la crème. Vos meilleurs alliés pour s’y retrouver : les labels (Ecocert, BDIH, Soil Association…).