Auteur : Philippe Claudel
1ère édition : 2007
Nb de pages : 400
Lu : mars 2009
Ma note:
Résumé :
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore. «On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports.»
Mon avis :
Oui, bon. Bon, oui, certes, une bonne lecture que voilà, mais à mon sens pas à la hauteur de sa réputation de chef d’œuvre. N’exagérons rien non plus. Le style est indéniablement agréable et puissant, l’histoire est percutante. Le récit que nous fait Brodeck sur son village, sa vie, sur les gens qui ont influé sur son destin est intéressant tout au long du livre, mais a commencé à vraiment me captiver sur le dernier tiers. L’auteur ne situe pas l’action, il ne nous donne aucun info réelle sur les lieux ou l’époque, si ce n’est des noms au consonances germaniques. L’histoire, celle d’un crime collectif, pourrait se produire n’importe où, dans n’importe quel pays, à n’importe quelle époque, même si tout ou presque évoque les camps de concentration, le nazisme, etc. Situation universellement applicable à n’importe qui, hélas. J’ai aimé cet aspect qui permet de se rendre compte (à supposer qu’on en ait encore besoin) de l’universalité de la bêtise, de la peur et de la lâcheté. La peur peut être dévastatrice si elle se conjugue à l’idiotie. Le roman est très sombre, les personnages odieux pour beaucoup, très biens vus, et malheureusement pas exagérés. Toutefois, ce qui m’a vite énervée, ce qui m’empêche de crier au chef-d’œuvre c’est clairement les incessants flashbacks. On navigue vite et souvent entre le rapport de Brodeck, l’arrivée de l’”Anderer“, le passé de Brodeck, etc. J’avoue avoir trouvé ce procédé à la limite de la confusion. Sur la fin j’ai trouvé que cela accentuait toutefois le suspens. Malgré tout l’ensemble vaut largement la lecture, pour son sujet délicat, et le style poétique et recherché de l’auteur.