Parfois,
on a l'impression que tout va mal, que rien ne marche comme on voudrait... et que même nos propres enfants font tout leur possible pour tout aille encore plus mal, pour bien nous bousiller nos
projets. Mais... comment ?... Nos enfants ?... La chair de notre chair ?... Ceux que nous aimons par-dessus tout ?... Non, ce n'est pas possible...
Et pourtant...
Ca remonte déjà à l'époque où ils étaient nourrissons... Vous n'avez pas connu la grande joie du biberon entièrement vomi sur vous ou de
l'accident "pipi", alors que vous veniez de vous changer ?
Quelle maman (ou papa) n'a jamais eu son enfant qui met un temps infini à s'habiller juste le jour où on est déjà très en retard ? On n'a pas
l'impression, là, qu'ils y mettent de la mauvaise volonté ? Qu'ils le font exprès ?
Qui n'a jamais connu de moment de solitude quand son enfant fait une révélation fracassante devant beaucoup de monde alors qu'on essayait
justement de faire bonne impression ?... Et qu'en deux phrases et demi, notre cher bambin a ruiné notre capital crédibilité...
Vous avez bien expérimenté, aussi, les enfants malades juste avant une sortie programmée depuis des lustres et qui vous a demandée des heures de
recherches de baby-sitter, tenues, cavalier... Avec MissB, nous sommes devenues des pros de ce genre de plans : nos enfants se relaient sagement dans la gastro dès qu'on se prévoit une sortie
entre femmes célibataires...
Et puis, il y a ces moments où on en appelle aux dieux de la zenitude, du calme et de la paix intérieure réunis parce que nos charmants bambins
ont décidé de nous pourir la seule journée qu'on avait décidé de se consacrer, la seule journée où on avait envie de penser un peu à soi... et c'est pile ce jour-là, qu'ils se transformeront en
monstre de caprices, en terreurs de cris et de larmes...
Là, on pense que nos enfants nous en veulent vraiment ou qu'ils veulent se venger de quelque chose. On a beau les aimer par dessus tout, là, il nous prend des envies d'invoquer Françoise Dolto et
Laurence Pernoud réunies, avec le coup de fil à un ami comme Ruffo, par exemple... le complot des enfants est en train de ruiner votre sainte patience !
C'est aussi ça être maman; c'est connaître des moments de doutes, de remises en question.
C'est reconnaître que là, vraiment, on n'en peut plus et que le costume de maman est un peu trop lourd à porter.
C'est s'apercevoir que le maman prend trop de place et qu'on arrive à saturation.
C'est savoir qu'on aime nos enfants plus que tout mais que là, on a vraiment besoin d'aller prendre l'air ailleurs et loin d'eux, sans
culpabiliser...
Parce que forcément, on culpabilise toujours un peu, au fond de soi, de laisser ses enfants pour penser à soi. On se dit qu'on est peut-être une
mauvaise maman, parce qu'on se décharge de notre rôle de parent sur quelqu'un d'autre ou parce qu'on a pu penser, à un moment, qu'on ne supportait plus les cris / pleurs / caprices de notre chère
tête blonde...
Finalement, on discute un peu avec les copines célibataires; on s'aperçoit que la majorité aime souffler quand leurs enfants partent en week-end
chez leur père. Les femmes mariées apprécient de voir partir leurs bambins chez les grand-parents, le temps d'un week-end, pour se retrouver un peu... et on finit par se rendre compte qu'on est
exactement comme toutes ces femmes : on aime nos enfants plus que tout, mais, il est tout à fait normal d'avoir besoin, également, de laisser la maman de côté, de temps à autre, pour pouvoir se
poser un peu et penser à soi. Ouf ! On ne souffre pas du syndrome de la mère indigne !
Tout compte fait, ces aléas de la vie ne sont pas un complot des enfants. C'est juste le signal que le costume de maman commence un peu à nous étouffer : ça arrive, un jour, sans crier gare et ça
repart aussi vite... pour revenir un autre jour, aussi inopinément... On n'est pas une mauvaise mère parce qu'on a eu envie de laisser ses enfants. On est juste une femme; qui adore ses enfants;
mais qui a besoin d'être une femme épanouie pour être une maman heureuse...