Une attaque à la bombe a eu lieu hier au Pakistan, ciblant le mausolée d'un poète du XVIIe siècle. Des intégristes ont en effet perpétré un attentat parce que des femmes se seraient rendues à l'intérieur du lieu.
Dans un courrier remis au gestionnaire du mausolée de Sidi Abdel Rahmane, aussi connu sous le nom de Baba Rahmane, trois jours avant que ne soit commis cet acte, une mise en garde formelle était lancée. Une menace directe visait « ce sanctuaire culturel », explique Sahidzada Anees, un haut fonctionnaire de la ville.
La lettre mentionne également la présence de femme qui sont venues prier dans ce lieu. Selon les interprétations les plus rigoureuses, les femmes et les hommes ne peuvent pas se mêler dans un lieu public, à moins d'être mariés. La présence de femmes seules a ainsi été considérée comme une provocation. Si aucun blessé n'est à déplorer, le mausolée lui-même, chef-d'oeuvre architectural a été gravement endommagé.
Cette attaque s'intègre dans une intensification des attentats islamistes que connaît actuellement le Pakistan et que dénonçait Salman Rushdie, tout particulièrement contre la communauté patchoune. Cette fois, il semble que ce soient les rites et danses, accompagnés de musique et jugés impurs qui étaient visés. L'hommage rendu sur la tombe du poète serait également perçu comme un geste hérétique.
Le poète soufi, légendairement héritier de la lignée Ahl Al Bayt, faisant partie de la famille du prophète, a laissé plus de 100 ouvrages. Il est réputé pour sa vision mystique et une poésie particulièrement mélodique. Il écrivait en pachto, une langue appartenant au groupe iranien des langues indo-européennes. Traduit en plusieurs langues, il est également étudié en université.