Le Japon a la réputation d'être hors de prix. Un taxi de l'aéroport de Tokyo au centre-ville, vous coutera la modique somme de 200 dollars et pour une simple pomme, vous devrez sortir de vos poches rien de moins que 7 dollars. Oui, c'est affreusement cher, mais le même trajet en train revient à moins de 30 $ et pour le temps d'une aventure au Japon, on peut bien laisser tomber les fruits et se nourrir de nouilles. À vrai dire si l'on fait bien attention, voyager au Japon reste beaucoup plus économique que n'importe quel pays d'Europe et même que l'Australie. Bien sûr, ce n'est pas bon marché comme le reste de l'Asie et il est facile de flamber rapidement une petite fortune en yen, mais croyez-nous, voyager à petit budget est possible et ça vaut vraiment le coup.
Dans l'avion vers Osaka, on développe mystérieusement tous les deux une grippe terrible. Tout en sueur, le teint blême et la tête qui semble vouloir nous exploser, on fait certainement pitié à voir. Quand les Japonais sont malades, ils portent un masque chirurgical pour ne pas contaminer les autres, c'est une question de politesse. Le nez congestionné et toussant abondamment on ne se sent pas très bien. Les autres passagers pour la plupart japonais nous regardent du coin de l'oeil, mais quand l'on se met à faire des bruits de trompettes en se mouchant tout le monde se retourne vers nous et les regards ne sont plus du tout discrets. Autre règle de politesse japonaise, se moucher en publique ça ne se fait pas, mais la pas du tout. On passe donc la semaine qui suit à renifler poliment.
Malgré la fièvre, à notre arrivée on a une petite faim. Trois repas par jour au restaurant est impossibles avec notre budget, heureusement les dépanneurs et les stations de train sont bien fournis en bento, des boites à lunch économique pour les hommes d'affaires qui font de longues heures. Rien à voir avec les sandwichs louches et les repas insipides vendus dans les dépanneurs du Québec, ici c'est tout une aventure culinaire qui s'offre à nous sur les étagères.
On choisit des boules de riz farcis pour calmer notre petit creux. Le seul problème c'est de savoir farci à quoi? Les caractères japonais se ressemblent tous un peu pour nous, c'est donc une surprise. Du porc sucré, miam! Du poulet épicé, ça va, mais pour la troisième boule on tombe sur de la farce rouge et visqueuse qui pue, probablement la pire saveur jamais concoctée par l'homme. La substance ignoble pourrait être utilisée comme arme de torture dans certains pays, pourtant les Japonais semblent en raffoler. Pour faire passer le goût, vite une bouteille d'eau que l'on cale à grande gorgés. L'eau semble bizarre, épaisse et trouble, on regarde plus attentivement la bouteille, POCARI SWEAT (sueur de pocari)............Noooooooon, ça ne peut pas être de la sueur? C'est quoi un pocari ? On s'imagine une usine avec de pauvres petites bêtes du style pikachu enchainées à des tapis roulants et des scientifiques fous qui récoltent leur transpiration. Ca y est en plus de la fièvre on a mal au coeur, on achète un tube de pâte à dent pour bien se désinfecter la bouche et l'on court vers l'hôtel. Pouaaah!! Dentifrice au sel! C'est quoi l'idée, c'est complètement dégueulasse. Deux heures seulement que l'on est au Japon et nos pauvres papilles gustatives occidentales sont déjà en état de choc.
On a réservé une chambre sur hostelworld.com, chose que l'on fait très rarement, mais comme il n'y a pas beaucoup d'hôtel bon marché à Osaka, on voulait êtres sur de ne pas finir dans un endroit trop cher pour nous. On peut trouver des chambres doubles pour environs 80 $ dans la plupart des villes du Japon et franchement question qualité prix c'est difficile de faire mieux.
Le lendemain, on fait le tour du centre-ville, moderne, organisé, ultra propre, mais surtout silencieux. Tellement silencieux qu'on a l'impression de devoir chuchoter. Les gens qui parlent au cellulaire mettent leur main devant leur bouche pour atténuer le son de leur conversation, on entend à peine les passants que l'on croise, ils parlent tous tout bas, 2.5 millions d'habitants et pourtant pas un son. Au coin des rues, malgré l'absence de voitures tout le monde attend patiemment à la lumière rouge. Où est l'asie assourdissante et chaotique que l'on connait si bien? Les hommes en habits noirs, les femmes en tailleurs gris, on semble être les seuls en couleur dans un monde de robots en noir et blanc! Heureusement à l'extérieur du secteur des affaires les choses changent. Dans le quartier de Dotombori, c'est une explosion d'affiches et de néons multicolores tout droit sortie de blade runner qui nous attend.
Les boutiques semblent se faire compétition pour l'enseigne la plus extravagante. Une immense pieuvre articulée pour le resto de fruit de mer, de l'autre coté de la rue, un crabe à l'air menaçant qui tente de pincer les passants, un show de laser à la Pink Floyd pour un autre. On opte pour un bistrot avec un gros panda déguisé en sumo à l'entrée pour notre premier vrai repas japonais. Ne vous inquiétez pas on n'a pas mangé de panda, mais plutôt la spécialité locale d'Osaka, un okonomiyaki. Une crêpe japonaise avec du boeuf, du porc, des crevettes et une grande quantité d'ingrédients inconnus qui font certainement bien de le rester. On cuit le tout sur une plaque chauffante à notre table. Une fois que la crêpe, qui a plutôt l'épaisseur d'un gâteau, est bien cuite, on rajoute une bonne couche de mayo, de sauce teriyaki et ce qui a le gout et l'apparence de flocon de nourriture pour poisson, bizarre, mais délicieux.
L'anglais, mais surtout les menus en anglais, se font rare au Japon, pourtant il n'y a rien de plus facile que de commander un repas. Dans les vitrines de la plupart des restaurants, il y a une représentation en plastique de chaque plat avec le prix clairement affiché, il suffit de pointer du doigt et de se régaler. S?il n'y a pas de mets en plastique, on pointe l'assiette d'un autre client! Le seul problème c'est les fast food ou il faut mettre notre argent dans une machine distributrice pour obtenir un ticket, on hésite encore à peser sur un bouton au hasard et manger un repas-surprise, on a toujours le gout de la farce rouge et visqueuse en tête.
En plein milieu de la ville, dans un splendide parc ou l'on oublis rapidement les karaoké, les immeuble futuriste et les néons fluo, osaka-jo, le château qui fut construit par plus de cent mille ouvriers pour célébrer l'unification du Japon nous transporte à une époque que l'on a bien hâte de découvrir. On prend le temps de siroter un thé bien chaud en observant la forteresse parce que 5 degrés Celsius quand on arrive d'australie c'est glacial. On s'imagine les samurais, les geishas, on savoure une autre tasse de thé vert et le vendeur nous offre d'essayer une autre spécialité locale, on dirait des trous de beigne ça semble succulent. Surprise, c'est salé, crémeux à l'intérieur......... caoutchouteux.......... mauve........... ho!. On devait être un peu trop absorbé par la beauté du château, parce qu?encore une fois ça n'aurait pas pu être plus clair, au-dessus de l'échoppe, sur un écriteau, un poulpe géant en habit de samurai distribue des beignet à la pieuvre.
La passe de train qui permet d'utiliser le système ferroviaire à volonté est le meilleur moyen de sauver beaucoup d'argent si vous comptez visiter plusieurs villes. 700 $ pour une période de trois semaines ça semble beaucoup, mais un simple allez retour Tokyo, Kyoto revient à 250 $. La passe doit absolument être achetée à l'étranger, une fois au Japon il suffit d'échanger le reçu contre la passe au comptoir officiel situé à la gare. Un bureau d'information touristique où personne ne parle anglais, on pensait que ça existait seulement en chine. Avec un bon guide de voyage et surtout le site internet de japan railways pour les horaires de train il est tout de même facile de se déplacer par soi même. Notre passe en poche on saute dans un bullet train pour Kyoto.